Réunis à Bruxelles lundi, les Seize, avec la Slovaquie depuis le 1er janvier, doivent examiner les différents dispositifs nationaux annoncés pour tenter de juguler une récession que la Commission européenne a annoncé prévoir à 1,9% en 2009.

"La situation économique est à la fois incertaine et difficile, dans le monde entier et en Europe aussi", a déclaré la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, à son arrivée à la réunion, précisant que la France résistait plutôt mieux que ses partenaires européens.

"Il y a là un sujet de satisfaction même si on le sait la situation est difficile et nous allons devoir tous examiner nos plans de relance, soutenir nos efforts et les poursuivre pendant toute l'année 2009", a-t-elle ajouté.

L'exécutif européen anticipe une croissance négative de la France de 1,8% en 2009, soit légèrement mieux que la zone euro, et l'inflation devrait quant à elle s'établir à 0,8% dans l'Hexagone cette année, contre 1% au sein des Seize.

En revanche, le déficit français devrait être, selon l'exécutif communautaire, de 5,4% en 2009, contre 4,0% dans la zone euro, alors que le taux de chômage devrait augmenter à 9,8% en France, contre une moyenne de 9,3% dans le reste des pays partageant la monnaie unique.

"L'impératif absolu : la relance concertée, combative pendant toute l'année 2009, sur l'ensemble des fronts, financiers, économiques, industriels et évidemment avec pour objectifs principal la croissance", a ensuite poursuivi Christine Lagarde.

NE PAS SACRIFIER LA STABILITÉ BUDGÉTAIRE

Un certain nombre de pays estiment néanmoins que les objectifs de stabilité budgétaire du Pacte européen de stabilité et de croissance ne doivent pas être complètement sacrifiés sur l'autel de la relance.

"D'un point de vue allemand, tout doit être fait pour préserver la crédibilité du Pacte de stabilité et de croissance", a ainsi déclaré le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück.

"Les chiffres sont en conformité avec ce que nous présenterons probablement dans nos dernières prévisions mercredi prochain. Le chiffre positif, c'est que le taux d'inflation évolue très favorablement et que nous respecterons le critère des 3% en 2009", a-t-il ajouté.

La Commission européenne prévoit une récession de 2,3% en Allemagne en 2009, avec un déficit de 2,9% du PIB et une inflation en fort recul à 0,8%.

Les Pays-Bas, traditionnellement peu enclins à laisser filer leurs déficits, estiment, comme Berlin, que la discipline budgétaire doit demeurer la pierre angulaire de l'action économique, même dans une mauvaise conjoncture.

"Nous de devrions pas seulement penser aux façons de stimuler l'économie mais aussi à comment régler la facture, et à comment nous ferons pour revenir sur un sentier soutenable pour nos finances. Car nous devrons revenir sur ce sentier tôt ou tard", a prévenu Wouter Bos, ministre néerlandais des Finances.

"Lorsque l'Allemagne éternue, nous nous enrhumons tous. Mais la grande inconnue, ce sera de savoir si nos plans de relance sont efficaces ou pas", a-t-il poursuivi.

Berlin, qui a été récemment l'objet de critiques pour sa réticence à adopter une série de mesures additionnelles à un premier paquet de 31 milliards d'euros annoncé à l'automne, a finalement sauté le pas la semaine dernière.

Le gouvernement de coalition d'Angela Merkel a décidé de lancer un nouveau plan de relance de 50 milliards d'euros de soutien à l'investissement et à la consommation.

D'autres pays, comme la France ou l'Espagne, ont mis plusieurs dizaines de milliards d'euros sur la table pour soutenir leur activité, au risque de voir leur déficit déraper.

Les Pays-Bas ont quant à eux annoncé un "plan de liquidités" de 6 milliards d'euros.

"Si ces plans sont finalement efficaces (...) 2010 pourrait être une année en territoire positif. Mais le vrai danger vient quand on commence à parler de nouveaux plans alors que les premiers plans n'ont même pas eu le temps de produire leurs effets", a insisté Wouter Bos.

Julien Toyer, avec Ilona Wissenbach et Huw Jones, édité par Jacques Poznanski