par Emmanuel Jarry et Julien Toyer

Plusieurs responsables européens ont indiqué à l'issue de la séance du Conseil consacré à la crise financière que la stratégie définie à Paris par les pays de l'Eurogroupe faisait désormais l'objet d'un large consensus au sein des Vingt-sept.

"Il y a un consensus général (...) Je m'attends à ce que ces idées soient reprises demain dans les conclusions", a déclaré le ministre espagnol des Finances, Pedro Solbes.

Le vice-Premier ministre tchèque Alexandr Vondra a quant à lui indiqué à Reuters que son pays avait adouci sa résistance à ce plan de soutien au secteur bancaire suite à "quelques modifications" réalisées sur le projet de déclaration.

La présidence française de l'Union européenne a précisé que quelques amendements au texte final seraient discutés dans la nuit de mercredi à jeudi mais que la base du projet était désormais acceptée.

Une version de travail du projet de conclusion finale du Conseil européen obtenue plus tôt dans la journée par Reuters invitait l'ensemble des 27 pays membres de l'Union européenne à faire leurs les principes énoncés par les pays de l'Eurogroupe.

Selon ce projet de déclaration, les Vingt-sept s'engagent à prendre "en toutes circonstances" les mesures nécessaires pour "préserver la stabilité du système financier, soutenir les institutions financières importantes, éviter les faillites et assurer la protection des dépôts des épargnants".

La proposition défendue par la France, présidente en exercice de l'UE, d'une "cellule de crise financière" au niveau de l'Union est également reprise.

Ce dispositif d'alerte, d'échange d'informations et d'évaluation "pourra être saisi à tout moment par un Etat membre", veillera à la coordination des acteurs concernés et suggèrera, le cas échéant, une réaction commune.

NOUVEAU BRETTON WOODS

En ouverture du Conseil européen, Nicolas Sarkozy, dont le pays préside l'UE jusqu'à la fin de l'année, a réitéré son appel à un "nouveau Bretton Woods" qui, selon ses voeux, pourrait se tenir d'ici la fin de l'année à New York.

"Cette crise est la crise de trop", a-t-il dit, selon le texte de son intervention distribué à la presse.

"Il faut refonder le système. Cette refondation doit être globale", a-t-il poursuivi, pointant notamment du doigt la nécessité de mettre fin au centres off-shore.

Plus tôt, le Premier ministre britannique Gordon Brown et la chancelière allemande Angela Merkel s'étaient eux-aussi prononcés en faveur d'une telle réunion.

"Je pense qu'un sommet sur les grands changements dans l'économie internationale peut se tenir au cours des prochains mois", a déclaré le Premier ministre britannique, Gordon Brown.

L'idée française d'un sommet du G8 élargi aux pays émergents d'ici fin 2008 figurait également dans le texte du projet de déclaration.

"L'Union européenne doit oeuvrer avec ses partenaires internationaux à une réforme réelle et complète du système financier international fondée sur les principes de transparence, de solidité bancaire, de responsabilité, d'intégrité et de gouvernement mondial", y lit-on.

Ce sommet pourrait réunir les membres du G8 ainsi que la Chine, le Brésil, l'Inde, l'Afrique du Sud et le Mexique.

CLIMAT ET ÉNERGIE

Cherchant à tirer partie de perspectives économiques difficiles, plusieurs pays ont par ailleurs souhaité que les discussions sur le paquet énergie-climat soient différées.

Un groupe de huit pays, emmené par la Pologne, s'est ainsi réuni pour tenter de faire pression sur le Conseil et obtenir un report des discussions autour de ce plan européen de lutte contre le changement climatique.

Interrogé par Reuters, le secrétaire d'Etat polonais aux Affaires européennes, Mikolaj Dowgielevicz, a répété que ce paquet énergie-climat pénalisait, en l'état, les économies de plusieurs des nouveaux Etats membres de l'UE.

"Il n'y a pas de solution pour les pays comme la Pologne qui dépendent du charbon pour produire de l'énergie. Donc il n'y a pas vraiment les conditions pour la conclusion d'un accord général en décembre", a-t-il dit.

Le président du Conseil italien Silvio Berlusconi s'est quant à lui prononcé en faveur d'une certaine flexibilité.

"A l'heure actuelle, il y a une crise qui rend difficile pour les économies, et pas seulement pour l'économie italienne, de faire face à l'impact très couteux de ce plan", a-t-il dit.

Le député européen allemand Werner Langen, qui représente le Parlement européen dans les négociations avec les Etats membres, a de son côté indiqué que Rome était proche de soutenir une proposition de la France de repousser de 2012 à 2015 la date de référence en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

La présidence française de l'Union européenne souhaite que ce paquet énergie-climat soit adopté en décembre, sans rouvrir le débat sur la répartition des efforts entre les Vingt-Sept sur la réduction des émissions de CO2.

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