Zurich (awp) - Azienda Elettrica Ticinese (AET) a bouclé l'année 2022 sur une lourde perte, tant au niveau opérationnel que net, alors même que ses revenus ont atteint de nouveaux sommets. En cause, le déficit de production hydroélectrique en raison d'une sécheresse historique, qui a forcé l'énergéticien tessinois à s'approvisionner au prix fort.

Les recettes ont frôlé les 1,11 milliard de francs suisses, soit près de 40,4% de plus que celles engrangées en 2021, essentiellement à cause de l'envolée des prix qui a suivi l'éclatement de la guerre en Ukraine.

La production des installations hydroélectriques a chuté de près de 42% par rapport à la période 2012-2021, à 542 gigawattheures (GWh), et celle des participations de 46% à 345 GWh, indique l'entreprise jeudi dans son rapport annuel. Le parc éolien du Gothard a généré 12,4 GWh pour sa deuxième année d'exercice, soit un quart de moins que prévu, alors que les participations nucléaires en Suisse et en France ont produit 299 GWh, un volume inférieur de 10% aux attentes.

La nécessité de compenser le manque de production en achetant l'énergie à prix fort sur les marchés s'est traduite par un surcoût qui a fait plonger le résultat opérationnel dans le rouge à hauteur de 48 millions de francs suisses, contre un excédent de 33 millions un an plus tôt. La perte nette de 56 millions, à comparer à un bénéfice de 19 millions en 2021, est la plus lourde de l'histoire de l'entreprise fondée en 1958.

Le canton, qui avait perçu pour l'exercice 2021 son premier dividende depuis 2014, devra à nouveau se mettre au régime sec. Le groupe dit avoir "absorbé le déficit grâce à une structure de bilan solide, un portefeuille de production suffisamment diversifié et aux perspectives de rééquilibre résultant du retour aux niveaux médians de production hydroélectrique".

Reste que les fonds propres ont fondu de près d'un cinquième pour s'établir à 294 millions de francs suisses au bouclement de l'exercice, alors que le ratio correspondant a été amputé de près de moitié, à 18,5%.

Pour l'année en cours, l'absence prolongée de précipitations au sud des Alpes au cours de l'hiver laisse présager de nouvelles difficultés de production, prévient la direction d'AET, qui entend gérer les ressources actuelles de manière conservatrice et accélérer et diversifier la production à partir de sources renouvelables.

buc/fr