* Des élections à l'issue très incertaine

* Aucune force politique ne pourrait obtenir la majorité

* Bataille entre la droite et le M5S dans le Sud

* La Ligue du Nord espère devancer Forza Italia

* Gentiloni s'inquiète d'une poussée populiste (Actualisé avec Di Maio et Renzi, § 4-6)

par Crispian Balmer

ROME, 2 mars (Reuters) - Au terme de la campagne pour les élections législatives de dimanche en Italie, la coalition de droite de Silvio Berlusconi, donnée en tête dans les derniers sondages autorisés, s'inquiète de la poussée du Mouvement 5 Etoiles (M5S), contestataire et anti-système.

La coalition de droite rassemble Forza Italia de Berlusconi, la Ligue du Nord anti-européenne et anti-immigration de Matteo Salvini, Frères d'Italie (Fratelli d'Italia), parti d'extrême droite dirigée par Giorgia Meloni, et la petite formation libérale Nous avec l'Italie (Noi con l'Italia) de Rafaelle Fitto.

Si cette alliance était donnée en tête des intentions de vote par les derniers sondages autorisés le 16 février, avec environ 36% des voix, il n'en reste pas moins que le M5S de Luigi Di Maio devrait être le premier parti du pays, avec environ 28% des suffrages.

"Nous ne sommes qu'à une marche de la victoire", a lancé le jeune dirigeant du M5S lors de l'ultime rassemblement de sa campagne, organisée sur la place du Peuple à Rome.

A gauche, le Parti démocrate de l'ancien président du Conseil Matteo Renzi paie le prix d'une politique d'austérité, largement imputée par l'électorat aux "technocrates" de Bruxelles et qui n'a pas réussi à relancer l'économie italienne. Il n'est donné qu'en troisième position avec environ 23% des voix.

Terminant sa campagne dans sa ville de Florence, Renzi, qui avait indiqué sur la RAI qu'il préférait "être dans l'opposition que de s'allier avec des extrémistes", a déclaré: "Si vous voulez voter pour la peur, l'antipolitique et la colère, ne votez pas pour nous."

Même en cas de victoire, la coalition de centre droit ne devrait pas obtenir de majorité absolue à la Chambre des députés et au Sénat, ce qui annonce une grande incertitude sur le prochain gouvernement, une constante dans la vie politique italienne.

LE M5S "FAIT VRAIMENT FORT"

La publication de sondages est interdite depuis deux semaines mais les partis ont mené leurs propres enquêtes, qui semblent révéler une forte poussée du M5S dans le sud du pays, dont s'inquiète la droite.

"Il (le M5S) fait fort, vraiment fort", a déclaré jeudi Giorgia Meloni en aparté à ses partenaires lors d'une réunion à Rome. Elle ne pensait pas être enregistrée et la vidéo est devenue virale sur les réseaux sociaux.

Raffaele Fitto, dans cette vidéo, souligne par ailleurs que le Parti démocrate de centre gauche "s'effondre" dans le Mezzogiorno, le Sud.

"Mon Dieu!", intervient alors Matteo Salvini, qui dit espérer que le Parti démocrate soit au-dessus de 20% des voix pour faire barrage au M5S.

L'actuel président du Conseil Paolo Gentiloni, l'un des poids lourds du Parti démocrate, a mis en garde vendredi les Italiens contre la tentation populiste.

"Un succès des partis populistes est le plus grand des dangers", a-t-il dit au Corriere della Sera. "Devoir organiser de nouvelles élections (en cas d'impasse) serait un signe de fragilité et d'instabilité mais ce serait pire encore d'emprunter la voie du populisme."

Dans la conversation "prise au vol" jeudi lors de la réunion unitaire de la droite à Rome, Giorgia Meloni dit à Salvini que la Ligue du Nord va devancer Forza Italia et que selon les accords passés il lui reviendra donc de choisir quel sera le prochain chef de gouvernement.

Selon plusieurs analystes interrogés vendredi, la Ligue du Nord et le M5S pourraient faire mieux que ne le prévoient les sondages, en raison notamment du grand nombre d'indécis.

NOUVEAU SYSTÈME ÉLECTORAL

Silvio Berlusconi, 81 ans, a été quatre fois président du Conseil mais ne peut briguer de nouveau ce poste en raison de sa condamnation en 2013 pour fraude fiscale.

Il a confirmé jeudi que si Forza Italia arrivait en tête des partis de la coalition, son candidat à la tête du gouvernement serait le président du Parlement européen Antonio Tajani, un choix destiné à rassurer Bruxelles. Tajani a accepté la proposition.

Vendredi, dernier jour de la campagne, les dirigeants de tous les partis se bousculent sur les plateaux de télévision et dans les studios de radio. Le M5S organise un rassemblement place du Peuple à Rome.

Les opérations de vote auront lieu dimanche de 07h00 à 23h00 (06h00 GMT-22h00 GMT). Les sondages effectués à la sortie des bureaux seront diffusés dès la fermeture mais il faudra probablement plusieurs heures pour avoir une idée claire du résultat.

Ces élections inaugurent un nouveau système électoral qui combine représentation proportionnelle et scrutin majoritaire à un tour.

Le nouveau système répartit 64% des sièges du Parlement à la proportionnelle, les sièges restants étant désignés au scrutin majoritaire. Ainsi, sur les 630 députés élus pour cinq ans, 232 seront désignés à la majorité relative dans autant de circonscriptions uninominales et 398 seront élus à la représentation proportionnelle nationale.

Par rapport au précédent système, la prime accordée au parti ou à la coalition qui arrive en tête disparaît.

Les analystes estiment que pour être en mesure de constituer un gouvernement, il faut recueillir environ 40% des suffrages, peut-être moins en fonction des résultats obtenus au scrutin majoritaire à un tour.

(Avec Gavin Jones, Guy Kerivel pour le service français)