(Actualisé avec citations Obama)

par Matt Spetalnick et Anna Yukhananov

WASHINGTON, 21 janvier (Reuters) - Lors de son discours d'investiture, Barack Obama a exhorté lundi la classe politique à surmonter ses divisions et mis l'accent sur la prospérité nécessaire, à ses yeux, de la classe moyenne, les droits des homosexuels et la lutte contre le changement climatique.

"Nous ne pouvons nous méprendre en instituant l'absolutisme comme principe, en substituant le spectacle à la politique, ou en faisant de l'échange d'injures un débat raisonnable", a déclaré le président américain, réélu le 6 novembre face au républicain Mitt Romney, en inaugurant son second et dernier mandat à la Maison blanche.

"La sauvegarde de nos libertés individuelles passe par une action collective", a ajouté Barack Obama lors de la cérémonie d'investiture au Capitole de Washington, devant 700.000 spectateurs.

"Nous devons agir, sachant que notre oeuvre sera imparfaite", a dit encore le président démocrate, loin du triomphalisme qui avait dominé son investiture en 2009, quand 1,8 millions de personnes étaient venues assister au début officiel de son premier mandat.

Depuis, l'enthousiasme des partisans du premier président afro-américain de l'histoire des Etats-Unis a été tempéré par le niveau toujours élevé du chômage, la hausse régulière de la dette publique et le difficile retrait des troupes américaines d'Afghanistan.

Cette fois, Barack Obama, âgé de 51 ans et dont les cheveux sont désormais grisonnants, a été investi dimanche en privé à la Maison blanche, avant de répéter lundi les 35 mots du serment présidentiel devant le président de la Cour suprême, John Roberts.

Depuis un siècle, la tradition veut en effet que lorsque le 20 janvier tombe un dimanche, le président soit investi ce jour-ci, puis participe à une nouvelle cérémonie le lendemain au Capitole.

"Obama! Obama!", a scandé lundi la foule, alors que le président prêtait serment pour la deuxième fois en 24 heures, quelques minutes après son vice-président Joe Biden.

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

Barack Obama a ensuite prononcé un discours de vingt minutes, abordant de nombreux sujets parmi lesquels le sort de la classe moyenne.

"La prospérité de l'Amérique doit reposer sur les larges épaules de la classe moyenne", a-t-il déclaré.

Le président réélu a également flatté la part la plus progressiste de son électorat par une prise de position explicite en faveur des droits des homosexuels.

"Notre chemin ne sera pas achevé tant que nos frères et nos soeurs homosexuels ne seront pas considérés comme tout le monde par la loi", a affirmé Barack Obama.

De manière encore plus inattendue, le chef d'Etat a évoqué le réchauffement climatique, alors que les thématiques environnementales n'ont pas été privilégiées au cours de son précédent mandat.

"Nous répondrons à la menace du changement climatique, sachant qu'un échec dans ce domaine serait une trahison pour nos enfants et les générations futures", a-t-il dit.

Barack Obama a également insisté sur la nécessité, selon lui, de "trouver un meilleur moyen d'accueillir les immigrés", et de lutter contre les violences liées aux armes à feu, contre lesquelles il a récemment présenté un plan, à la suite de la fusillade dans une école de Newtown, dans le Connecticut.

Le président a en revanche fait peu d'allusion à la politique internationale, n'évoquant ni la guerre civile syrienne, ni le programme nucléaire controversé de l'Iran, ni la prise d'otages meurtrière de Tiguentourine en Algérie.

"Nous soutiendrons la démocratie de l'Asie à l'Afrique; de l'Amérique au Moyen-Orient, parce que nos intérêts et notre conscience nous obligent à agir aux côtés de ceux qui aspirent à plus de liberté", s'est-il contenté de dire.

Même si les propos étaient plus précis que ce qu'attendaient la majorité des commentateurs, Barack Obama devrait réserver ses propositions plus détaillées à son discours sur l'état de l'Union, qu'il prononcera devant le Congrès le 12 février.

La réduction des déficits, le contrôle des armes à feu, la réforme de l'immigration et la politique énergétique seront probablement les priorités affichées par le président démocrate. (Avec Mark Felsenthal; Pascal Liétout et Julien Dury pour le service français, édité par Jean-Philippe Lefief)