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(Easybourse.com) Dans quel but avez-vous décidé de réaliser ce baromètre de l'inflation?
Notre objectif était d'attirer l'attention des épargnants sur le retour de l'inflation et son impact sur l'épargne.
Nous souhaitions mettre l'accent sur le fait que le phénomène n'est pas temporaire.

L'inflation est de retour et a vocation à perdurer.

En tant que professionnels du conseil en investissement et gestionnaires de l'épargne, nous estimions qu'il était nécessaire de mettre en lumière cette problématique dans les stratégies d'investissement.

Quel est votre regard s'agissant des répercussions de l'inflation sur les placements ?
L'inflation est l'ennemi des épargnants qui ont essentiellement des titres à  revenus fixes. Elle érode les rendements notamment des actifs dont la valeur n'est pas corrélée à l'inflation : les emprunts d'Etat, l'assurance vie en euros, les comptes à terme, le livret A.

Une première réaction serait de se protéger du risque inflationniste par rapport à ces classes d'actifs refuge les plus couramment utilisées.

Quels types de réponse est-il possible d'apporter ? 
Il n'y a pas une solution universelle pour tout le monde. La prise en compte de l'inflation dans une stratégie d'épargne, c'est avant tout une question d'horizon qu'il faut rappeler à l'investisseur.
Un investisseur qui a 40 ans-45 ans a encore 20 ans devant lui avant de prendre sa retraite. Et aura probablement, une fois sa retraite prise, 20 ans de vie derrière.

Ainsi nous nous inscrivons dans un cadre temporel relativement long.

Ensuite, il faut réfléchir à l'origine de cette inflation. Actuellement elle est essentiellement liée à des phénomènes de pénurie, de hausse des matières premières agricoles, énergétiques et industrielles (en témoigne le prix du baril de pétrole, le prix du riz, qui a augmenté de près de 50% en un an et celui du blé, qui a doublé pendant la même période), à la protection des ressources naturelles, à la croissance démographique, au vieillissement de la population et à la raréfaction de la main d'oeuvre.

Au-delà des phénomènes conjoncturels, la baisse des taux d'intérêt par la Fed, l'injection de 200 milliards de dollars de liquidités dans le système bancaire alimentent l'inflation et l'accumulation par la Chine des surplus monétaires liés aux excédents commerciaux et aux investissements étrangers alimentent l'inflation.

Ainsi il est opportun de réfléchir comment dans une stratégie de placement, il est possible de tirer partie de ces phénomènes en investissant dans tout ce qui va être corrélé à ces évolutions.

En outre, il est possible aujourd'hui par des techniques de couverture de se protéger contre le risque d'inflation : il existe des emprunts d'Etat indexés sur l'inflation, même si c'est un marché encore peu développé sur lequel les prix sont relativement élevés et des stratégies de couverture du risque inflation sur les classes de parts notamment dans les fonds obligataires.

Les actions sont sur le long terme une meilleure protection contre l'inflation que les obligations, en particulier les actions dont la valeur est davantage corrélée à ce phénomène d'inflation. Il faudra, une fois que la crise se sera calmée, de nouveau faire appel à cette classe d'actifs dans les allocations.

Enfin,  l'immobilier est une valeur refuge traditionnelle en cas d'inflation. L'indice de la révision des loyers est l'indice de la hausse des prix.

Quel regard portez-vous s'agissant de l'impact de l'inflation sur les rendements actuels ?
Nous sommes à des taux d'inflation supérieurs aux rendements servis aujourd'hui par les placements sans risque. Si on considère l'assurance-vie, dont les rendements se situent autour de 4/4,5%, le taux d'inflation perçu ou vécu au quotidien par les Français et anticipé pour les douze mois qui viennent est largement supérieur.

En Europe, l'inflation n'est pas liée à la conjoncture économique. Même s'il y a ralentissement économique, en raison des tendances qui s'inscrivent durablement dans le temps, l'inflation a vocation à perdurer. 

Selon vous, ce serait une inflation d'un type un peu nouveau ?
On peut se poser la question de savoir si les banques centrales peuvent faire quelque chose contre cette inflation. Même les armes traditionnelles des banques centrales ne semblent pas pour le moment être efficaces. C'est ce qui laisse penser que cette inflation est d'un type un peu nouveau.

Comme toutes les nouvelles tendances, comme toutes les ruptures économiques, cela prend du temps à s'installer dans les esprits. Les économistes cherchent des arguments pour dire que ce n'est pas une tendance durable. On oppose alors des raisons conjoncturelles de court terme à des phénomènes plus durables.

Est-ce que vous ressentez sur le terrain une différence de comportement de la part de vos clients ?
Non, pas encore. C'est justement la raison pour laquelle nous avons décidé de réaliser ce baromètre.

Propos recueillis par Imen Hazgui à l'occasion de la conférence de presse donnée par Jean-Louis Laurens, président de Banque Robeco et Frédéric Dabi, directeur du département opinion publique de l'IFOP sur le thème : «Le regard des Français sur l'inflation : perceptions et anticipations» le 25 mars 2008

- 01 Avril 2008 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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