par Stephanie Nebehay

GENEVE, 26 avril (Reuters) - Les Syriens chassés de leur pays par la guerre sont dans une situation sanitaire dramatique, a déclaré vendredi le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qui souligne le manque de moyens des équipes médicales déployées sur place, notamment au Liban et en Jordanie.

Depuis deux ans, plus d'un million quatre cent mille Syriens ont dû fuir leur patrie pour des pays voisins qui n'ont pas les moyens de répondre aux besoins sanitaires de ces réfugiés.

Le HCR, qui a lancé un appel aux dons afin de recueillir un milliard de dollars d'ici la fin juin, n'a reçu jusqu'ici que 55% de la somme. En conséquence, si les cas d'urgence sont pris en compte dans les camps, les maladies chroniques ne peuvent plus être traitées comme il le faudrait.

"Nous donnerons la priorité à un accouchement plutôt qu'au traitement d'un cancer à un stade avancé. C'est terrible mais nous n'avons pas le choix. Ce sont des décisions difficiles à prendre", a déclaré à Genève le Dr Paul Spiegel, expert médical du HCR.

Les problèmes respiratoires et les diarrhées sont les affections les plus fréquentes dans les camps, précise un rapport du HCR.

Les trois quarts des réfugiés dans les camps d'Irak, de Jordanie et du Liban sont des femmes et des enfants. Aucun chiffre n'a pu être fourni sur la situation en Turquie.

Certains réfugiés sont atteints d'hépatite A, d'autres de lésions cutanées liées à la leishmaniose, une maladie chronique due à des protozoaires. Ces deux affections sont apparues en force en Syrie depuis le début de la guerre, en raison de l'effondrement du système sanitaire et de l'industrie pharmaceutique.

MALADIES CHRONIQUES

De nombreux réfugiés sont des personnes âgées qui souffrent de maladies chroniques comme le diabète, le cancer, les affections pulmonaires ou cardiovasculaires. En Syrie, grâce à un système de protection sociale très avancé, ces malades étaient soignés gratuitement.

"Pour ce qui est des dialyses, il s'agit d'un traitement qui ne peut pas être interrompu. Il y a donc des décisions très difficiles à prendre. On manque d'argent et cela peut parfois signifier la mort d'un patient", a déploré le docteur Spiegel.

En Irak et en Jordanie, les réfugiés ont accès gratuitement aux soins.

Mais en Jordanie, une commission se réunit chaque mois pour discuter des cas qui dépassent un certain plafond de dépenses. Lors des trois premiers mois de l'année, 158 dossiers ont ainsi été examinés et des avis positifs ont été rendus pour des malades cardiaques, des femmes enceintes et des patients atteints de graves maladies rénales.

Au Liban, où le système de santé est plus axé sur le privé, les réfugiés doivent payer pour les consultations auprès de spécialistes. Une commission d'évaluation a également été mise en place et s'est réunie pour la première fois fin mars.

Le nombre de réfugiés ayant fui la Syrie pourrait doubler voire tripler d'ici la fin de l'année si la tendance actuelle se maintient, a estimé le mois dernier le patron du HCR, Antonio Guterres. (Guy Kerivel pour le service français)