(Actualisé avec identification du suspect)	
    par Philip Pullella	
    CITE DU VATICAN, 25 mai (Reuters) - Le majordome des
appartements du pape Benoît XVI a été arrêté vendredi en
possession de documents confidentiels dans le cadre d'une
enquête sur des fuites qui ont plongé dans l'embarras la
hiérarchie de l'Etat pontifical, a-t-on appris au Vatican.	
    Officiellement, le Vatican a simplement indiqué qu'une
personne, qui n'est pas un prêtre, avait été arrêtée et était
interrogée par des magistrats du Saint-Siège.	
    Benoît XVI a ordonné plusieurs enquêtes sur ces fuites qui
l'ont "affligé", dont une menée par la police vaticane et une
autre par une commission de cardinaux.	
    Le scandale, surnommé "Vatileaks", porte sur une série de
documents communiqués à des médias italiens en janvier et
février derniers. Il a entraîné la publication dans la presse de
plusieurs documents sensibles faisant état de corruption et de
mauvaise gestion au Vatican.	
    Parmi ces documents figurent des lettres adressées
personnellement au pape par l'archevêque Carlo Maria Vigano,
ancien numéro deux des services administratifs du Vatican et
depuis octobre nonce apostolique (ambassadeur) à Washington.	
    D'autres pièces évoquent des conflits internes concernant
l'Institut des oeuvres religieuses (IOR), la Banque du Vatican
dont le président Ettore Gotti Tedeschi, accusé de "mauvaise
gouvernance", a été limogé jeudi, décision prise à l'unanimité.	
    La banque vaticane, fondée en 1942 par le pape Pie XII, a
précisé qu'elle allait rechercher un nouveau président capable
de "rétablir des relations pleines, entières et efficaces entre
l'Institut et la communauté financière, fondées sur le respect
mutuel de règles établies".	
    Ettore Gotti Tedeschi, pour sa part, a déclaré à Reuters
qu'il avait été chassé en raison de sa "volonté de transparence"
qui déplairait, selon lui, aux autorités vaticanes.	
    	
    "FAIRE LE MENAGE"	
    La Banque du Vatican est sous les projecteurs depuis que 23
millions d'euros de ses avoirs dans les banques italiennes
avaient été gelés en 2010 dans le cadre d'une enquête pour
blanchiment d'argent.	
    En mars, pour la première fois, le Vatican figurait sur la
liste des Etats potentiellement vulnérables au blanchiment
d'argent publiée par le département d'Etat américain, sans être
pour autant considéré comme un Etat à risque élevé.	
    Le Saint-Siège a adopté l'an dernier de nouvelles règles de
transparence financière pour se conformer aux normes 
internationales.	
    Dans ses lettres à ses supérieurs, et notamment au pape, Mgr
Vigano affirmait avoir été muté à Washington après s'être plaint
de la "corruption" et des "malversations" dans la gestion du
patrimoine du Saint-Siège.	
    Il dénonçait la situation "désastreuse" découverte à sa
prise de fonction en 2009 au gouvernorat de la Cité du Vatican,
sur fond de corruption, de népotisme et de favoritisme.	
    Alors chargé de gérer les infrastructures du petit Etat
pontifical (immeubles, jardins, rues et musées), il se plaignait
de voir les contrats toujours attribués aux mêmes entreprises à
des prix selon lui exagérés.	
    Dans une de ses lettres au pape, Mgr Vigano se disait
victime d'une campagne de dénigrement de la part de responsables
du Vatican hostiles à sa politique de rigueur et à sa volonté de
"faire le ménage" dans les dossiers financiers.	
    Dans une lettre du 4 avril 2011, il disait avoir découvert
que certains investissements du Saint-Siège avaient été confiés
à deux fonds dépendant des banquiers italiens de la Commission
de finance et de gestion, "plus préoccupés par leurs propres
intérêts que par les nôtres".	
    Une simple transaction financière en décembre 2009,
ajoutait-il, a fait perdre deux millions et demi de dollars au
Vatican.	
	
 (avec Paolo Biondi, Guy Kerivel pour le service français, édité
par Gilles Trequesser)