"Je ne comprends absolument pas la suspicion qui pèse sur mon pays", déclare José Socrates dans une interview publiée dans l'édition de mardi du quotidien français Libération.

Prié de dire s'il la trouve infondée, il répond: "Tout à fait", ajoutant que le plan portugais de réduction du déficits public, qui a finalement été de 9,3% du PIB en 2009, était crédible. "Je sais comment faire et je suis prêt à le faire."

"J'ai vraiment le sentiment que les marchés ne se préoccupent pas de la réalité de la situation économique, mais se basent sur des a priori et des impressions pour rendre leur jugement", ajoute-t-il. "Je recommande à ces analystes de venir constater la réalité sur place."

L'agence de notation Fitch Ratings a estimé mercredi dernier qu'un déclassement de la dette du Portugal était plus probable qu'un statu quo en raison d'un déficit budgétaire pire que prévu en 2009, puisqu'il était auparavant estimé autour de 8% du PIB.

Au vu des difficultés financières que traverse la Grèce, les investisseurs se demandent si le Portugal et d'autres pays endettés de la zone euro risquent de prendre le même chemin.

"Il est extraordinaire que les agences de notation critiquent les gouvernements pour avoir dépensé l'argent qui a permis de sauver le système financier !", dit José Socrates.

"Elles devraient comprendre qu'il y a une différence entre les Etats qui font des dépenses sans raison et ceux qui les font pour une bonne raison. Et n'oublions pas que ce sont ces mêmes agences qui nous donnent des leçons qui ont été incapables d'évaluer les risques, risques qui ont débouché sur la grave crise que nous traversons", a-t-il poursuivi.

"Il est impératif de prendre des mesures et j'espère que le G20 changera le système afin de lui redonner sa crédibilité."

Selon lui, les taux d'intérêt sont élevés parce que les agences de notation "considèrent qu'il y a un risque élevé".

"On voit bien ce que certains ont à gagner dans la situation actuelle", a-t-il estimé.

Le Premier ministre portugais affirme qu'il parviendra à ramener le déficit public de son pays sous la barre des 3% en 2013 mais maintient qu'il a eu raison de le laisser filer puisque le Portugal a été l'un des premiers à sortir de la récession au deuxième trimestre de 2009, "comme la France".

"J'ai une vision instrumentale du déficit: il faut le creuser quand l'économie en a besoin", a-t-il dit.

Yves Clarisse