par Leika Kihara

La banque centrale, qui a comme prévu maintenu ses taux d'intérêt inchangés et s'est abstenue de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire, a aussi présenté un nouveau programme de prêts destiné à soutenir la croissance.

La deuxième économie mondiale "commence à enregistrer une reprise modeste", a indiqué la BoJ, qui est ainsi légèrement plus optimiste que lors de ses précédents communiqués.

Toutefois, la chute des marchés financiers observée en réaction aux difficultés financières de la zone euro assombrissent ce tableau.

"Il faut surveiller les risques encourus par l'économie européenne si les tensions sur les marchés financiers augmentent du fait des réformes budgétaires dans certains pays européens", a déclaré le gouverneur Masaaki Shirakawa.

"Mais nous continuons à penser que les économies émergentes seront les chefs de file de la reprise économique mondiale", a-t-il ajouté. "Les économies émergentes maintiendront une croissance forte fondée sur leur demande intérieure et la reprise se poursuivra aux Etats-Unis à un rythme modéré."

Si la BoJ n'a pas évoqué la situation de la devise japonaise, le ministre des Finances Naoto Kan a en revanche mis en garde contre les dommages potentiels d'une trop forte hausse du yen.

"Un suivi attentif est nécessaire afin que la hausse du yen ne devienne pas excessive", a déclaré Naoto Kan, avant une réunion avec le Premier ministre Yukio Hatoyama.

L'euro, affaibli par la crise de la dette en Grèce et les difficultés des Européens à coordonner leurs efforts pour assainir leur situation budgétaire, est tombé jeudi à un plus de huit ans et demi face au yen. La devise japonaise s'est également fortement appréciée par rapport au dollar.

Le gouverneur de la BoJ s'est refusé à tout commentaire sur la question d'une éventuelle intervention pour soutenir l'euro mais a déclaré que les responsables du G7 étaient en contact étroit.

LA SITUATION "N'EST PAS ENCORE RÉGLÉE"

Le ministre des Finances a pour sa part déclaré que le chef du gouvernement lui avait demandé de surveiller les conditions de marché, tout en précisant que Tokyo n'envisageait pas de mesures particulières pour l'économie dans l'immédiat.

Naoto Kan a également minimisé la nécessité d'une action internationale pour faire face aux fluctuations importantes sur le marché des changes et sur les Bourses mondiales. Il a ajouté qu'il n'était pas prévu que les ministres des Finances du G7 discutent ce week-end des évolutions des marchés.

"Nous nous attendons à ce que la situation se calme, mais elle n'est pas encore réglée. Néanmoins, je ne crois pas que l'on ait besoin de faire quelque chose en plus pour le moment", a-t-il déclaré.

La Banque du Japon, à l'issue de deux jours de réunion de politique monétaire, a laissé son objectif au jour le jour à 0,1%, niveau où il est maintenu depuis décembre 2080.

Pour un graphique des taux d'intérêts dans le monde:

http://r.reuters.com/vef45k

DES PRÊTS À TAUX FIXE DE 0,1% À UN AN

Prenant acte du fait que le seul fait d'abonder les marchés monétaires en liquidités n'était pas suffisant pour combattre la déflation, la BoJ avait annoncé le mois dernier qu'elle allait envisager un nouveau dispositif pour drainer l'argent vers des secteurs d'activité en croissance.

Officialisant vendredi la mise en place de ce schéma, la banque centrale a précisé qu'elle allait proposer aux banques commerciales des prêts à taux fixe de 0,1%, avec une maturité d'un an, qui pourront être renouvelés en cas de besoin.

Les candidats à ce type de prêts devront soumettre un plan précisant de quelle manière ils prévoient de "consolider les fondations pour la croissance économique du Japon" et, sur la base de ce texte, la Banque du Japon décidera de la quantité de prêts à 0,1% qu'elle accordera aux postulants.

"La BoJ est consciente de ce qui se passe en Europe, mais elle veut éviter de donner des signaux non voulus sur sa politique (monétaire)", note Kyohei Morita, chef économiste chez Barclays Capital. "Le nouveau programme de financement n'est pas un changement de politique. C'est seulement un nouveau système."

Les analystes ont accueilli avec un certain scepticisme ce programme de prêts, s'interrogeant à la fois sur son efficacité pour l'économie et sur sa mise en pratique. Ils ont toutefois admis qu'il pouvait avoir la vertu de faire retomber la pression qu'exerce le gouvernement japonais sur la banque centrale.

Alexandre Boksenbaum-Granier pour le service français, édité par Dominique Rodriguez