Alors que la récession menace la zone euro, les 66 économistes interrogés par Reuters estiment que la BCE va abaisser son principal taux directeur, actuellement à 1%, à un nouveau plus bas record de 0,75% en février ou en mars.

Le mois dernier, l'institut d'émission a injecté quelque 500 milliards d'euros de liquidités à trois ans dans le système bancaire européen. Après cette opération, la probabilité estimée de mise en oeuvre d'un programme d'assouplissement quantitatif (QE) en bonne et due forme est tombée de 40% à 30%.

Cette enquête a été menée avant l'annonce d'un nouveau record de liquidités au jour le jour déposées par les banques commerciales auprès de la Banque centrale européenne, à 453 milliards d'euros.

Les 489 milliards prêtés à trois ans en fin d'année l'ont été pour donner une bouffée d'oxygène aux banques mais ces dépôts records confirment que le marché interbancaire européen demeure en difficulté en ce début d'année 2012 et que les banques préfèrent placer leurs excédents à la BCE plutôt que de se prêter entre elles.

La BCE a déjà procédé à des rachats de titres de dette des Etats de la zone euro pour faire reculer leur rendement qui s'était envolé sur les marchés. Toutefois, pour éviter d'alimenter l'inflation, la banque centrale mène par ailleurs chaque semaine une opération de stérilisation pour compenser ces achats.

QE OU PAS QE, LA QUESTION DEMEURE

Dans ce processus de compensation, on serait en situation d'assouplissement quantitatif (QE). Cet achat d'obligations avec de l'argent nouvellement imprimé a été en revanche mis en place aux Etats-Unis par la Réserve fédérale et au Royaume-Uni par la Banque d'Angleterre.

"La nécessité de commencer un QE non stérilisé dans les semaines à venir a été quelque peu réduite par l'importante demande lors de l'opération à trois ans", commente Elwin de Groot, économiste de marché chez Rabobank International. "Mais le besoin très élevé de refinancements souverains cette année pourrait finalement contraindre la BCE à racheter des montants considérables d'obligations, à tel point que ces achats ne puissent être totalement stérilisés."

L'Italie, par exemple, doit se refinancer à hauteur d'environ 150 milliards d'euros sur la période février à avril, alors que le rendement de ses obligations de référence à 10 ans reste près de la barre des 7%, seuil jugé intenable par les économistes.

En Grande-Bretagne, en revanche, les coûts d'emprunts ont été contenus en grande partie grâce au programme d'assouplissement quantitatif mis en place par la BoE et s'élevant à 275 milliards de livres.

La Banque d'Angleterre étendra sans doute ce programme de rachats de titres, mais certainement à un rythme moindre qu'attendu, et pas au mois de janvier, estiment les analystes.

Selon eux, la BoE devrait annoncer une extension du programme de 50 milliards de livres supplémentaires, probablement en février, contre un montant de 75 milliards évoqué lors de la précédente enquête de décembre.

Andy Bruce, Catherine Monin pour le service français, édité par Danielle Rouquié