* L'Allemagne signale des points de désaccords importants

* FMI et zone euro d'accord sur un rachat de dette-Schaüble

* Nouvelle réunion des créanciers lundi 26 novembre (Actualisé avec déclarations de Schaüble)

par Andreas Rinke et Lefteris Papadimas

BERLIN/ATHENES, 21 novembre (Reuters) - Les bailleurs de fonds internationaux n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur une aide d'urgence à la Grèce et feront une nouvelle tentative lundi prochain, mais l'Allemagne signale que des points de désaccords significatifs subsistent.

Les représentants de la "troïka" des créanciers d'Athènes se sont séparés mercredi matin sans avoir trouvé d'accord sur les moyens à mettre en oeuvre pour ramener le ratio d'endettement grec à 120% de son produit intérieur brut (PIB).

Après près de douze heures de négociations, ils ont dû se résoudre à prévoir une nouvelle réunion, la troisième du mois, lundi prochain, afin d'obtenir le consensus nécessaire au versement d'une nouvelle tranche d'aide à la Grèce.

Plusieurs responsables européens ont minimisé cet échec, notant que les différends étaient d'ordre technique et que l'accord serait conclu lors de leur prochaine réunion du 26 novembre.

"Il n'y a pas de désaccord politique majeur", a affirmé à l'issue de la réunion Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe des ministres des Finances de la zone euro.

Le ministre français des Finances, Pierre Moscovici, a appuyé ces propos sur Europe 1 : "Nous sommes à un cheveu d'un accord, je suis très confiant que nous y parviendrons lundi".

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble a dit son optimisme dans la capacité de la Grèce à trouver les moyens de couvrir ses besoins de financement, par exemple en l'autorisant à racheter sa propre dette avec une décote, en puisant sur les revenus dégagés par la Banque centrale européenne (BCE) de ses achats de dette grecque et en abaissant les taux .

"Des mesures supplémentaires sont nécessaires et nous avons eu des discussions intensives à ce sujet avec le Fonds monétaire international. Nous sommes d'accord pour l'essentiel que le déficit sera résorbé, qu'il y aura un programme de rachat de la dette grecque sur le marché", a-t-il dit à la presse.

"IL Y A DES CHANCES"

Mais il dit à des parlementaires conservateurs que les bailleurs de fonds étaient en désaccord sur la manière de définir la soutenabilité de la dette et de combler les besoins de financement de la Grèce.

Les gouvernements européens souhaitent donner à la Grèce deux années de plus - jusqu'en 2022 - pour ramener sa dette à 120% du PIB, le niveau jugé soutenable, mais le FMI s'y oppose.

Les Européens, menés par l'Allemagne, refusent d'effacer une partie de la dette. Les deux options faciliteraient le respect des objectifs fixés à Athènes dans le cadre du sauvetage.

Angela Merkel a déclaré mercredi que la meilleure solution serait d'associer une baisse des taux d'intérêts, à un report des échéances de la dette de 15 à 30 ans et à un renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) auquel l'Allemagne contribuerait, selon un participant.

"Je crois qu'il y a des chances, ce n'est pas certain, mais il y a des chances, d'aboutir à une solution lundi", a-t-elle dit devant le Bundestag, la chambre basse du parlement allemand.

Athènes a besoin de la nouvelle tranche de 31 milliards d'euros d'aide pour assurer le service de sa dette, avec une prochaine échéance importante qui tombe mi-décembre.

Selon un document rédigé en vue du sommet et consulté par Reuters, ramener la dette grecque à 120% du PIB d'ici 2020 supposerait que les pays de la zone euro acceptent de passer en perte une partie de leurs prêts à Athènes, ce que refusent l'Allemagne et d'autres membres de la zone euro.

L'Allemagne et les autres Etats membres de l'Union européenne soulignent qu'un effacement d'une partie de la dette serait illégal et la BCE, créancier important du pays, refuse de subir une "décote" sur ses créances sur la Grèce.

DÉTERMINATION

"(Une décote) aurait trois conséquences que nous jugeons mauvaises", a déclaré Norbert Barthle, député membre du parti d'Angela Merkel de l'union chrétienne démocrate (CDU) sur une radio allemande.

"D'abord, cela coûterait de l'argent. Ensuite, cela enverrait un signal désastreux à l'Irlande, au Portugal voire à l'Espagne, qui se demanderaient immédiatement pourquoi eux doivent accepter de mettre sur pied de difficiles mesures (d'austérité)(...) et cela aurait des conséquences sur la règle budgétaire."

"Une décote sur la dette est peut-être la solution la plus confortable et la plus facile pour le pays en difficulté (...) mais notre objectif doit être de combattre l'endettement", a-t-il insisté.

Parmi les mesures envisagées pour réduire la dette grecque dans les délais les plus courts figure un plan qui permettrait à la Grèce de racheter des obligations à prix réduit par rapport à leur valeur nominale, auprès de créanciers privés.

Selon l'une des propositions évoquées par des responsables et par le document préparatoire, environ dix milliards d'euros de dettes pourraient être rachetés à un taux entre 0,30 et 0,35 euro pour chaque euro de dette détenu. (Avec Alexandra Hudson, Michelle Martin et Madeline Chambers à Berlin, Maria Paravantes à Athènes, Marc Angrand, Julien Dury, Tangi Salaün pour le service français, édité par Catherine Monin)