* Les jeux en ligne ont généré 600 millions d'euros en 2011

* Le poker plébiscité, les paris sportifs à la peine

* Le nombre d'opérateurs légaux baisse de 41 à 34

* La concentration des acteurs pourrait s'amplifier, dit l'Arjel

par Gwénaëlle Barzic

PARIS, 19 janvier (Reuters) - Un an et demi après son ouverture à la concurrence, le marché des jeux en ligne connaît une évolution constrastée en France, les joueurs plébiscitant massivement le poker sur internet aux dépens des paris sportifs.

Sur les 41 opérateurs qui ont obtenu un agrément pour exercer légalement en France, sept ont cessé leur activité l'an dernier, illustrant la difficulté à trouver un modèle économique rentable.

Ce mouvement de consolidation pourrait encore s'amplifier, a mis en garde jeudi le président de l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel), Jean-François Vilotte, lors des voeux de l'institution.

"Si les opérateurs ne veulent plus perdre de l'argent, et certains ne pourront plus en perdre, il va falloir qu'ils baissent leur taux de retour aux joueurs", a-t-il expliqué.

"Si les clients suivent très bien, si les clients s'en vont, les sites vont fermer", a-t-il ajouté, en plaidant une nouvelle fois pour une évolution de la fiscalité française.

Celle-ci est calculée sur le total des mises effectuées par les joueurs et non sur le produit brut des jeux, c'est-à-dire le chiffre d'affaires réel, comme le réclament une grande partie des opérateurs qui se plaignent d'une fiscalité trop lourde.

Sur un total de 600 millions d'euros de produit brut des jeux générés en 2011 tous opérateurs confondus, 305 millions sont revenus dans les caisses de l'Etat, selon les estimations de l'Arjel.

La situation est particulièrement délicate pour les opérateurs de paris sportifs qui ont enregistré une baisse de 23% des mises au deuxième semestre de 2011 par rapport au deuxième semestre de l'année précédente.

Selon l'Arjel, cette baisse s'explique en partie par la baisse du taux de retour aux joueurs opérée par les opérateurs pour redresser leurs marges, ce qui a rendu leur offre moins attractive face, notamment, à des sites étrangers qui offrent des perspectives de gains plus élevées.

Les opérateurs ont également coupé dans leurs budgets marketing, qui ont été réduits de plus de moitié entre le deuxième semestre 2011 et le deuxième semestre 2010.

VIGILANCE ACCRUE AVANT LES JO ET L'EURO

Les paris hippiques en revanche sont toujours en croissance, avec une hausse de 26% des mises sur la même période, mais le secteur reste marqué par une concurrence limitée du fait de la domination du PMU, a souligné l'Arjel

Dans un avis rendu l'an dernier, l'Autorité de la concurrence avait déjà pointé du doigt l'emprise de l'opérateur historique sur le secteur des paris hippiques.(voir )

Dans ce bilan en demi-teinte, le poker affiche une santé éclatante.

Plus de la moitié des Français (52%) qui jouent en ligne choisissent le poker qui a vu son produit brut des jeux augmenter de 12% sur le deuxième semestre 2011 à 314 millions d'euros pour des mises totales et droits d'entrée représentant 8,8 milliards d'euros.

L'année 2011 a par ailleurs été marquée par la montée en puissance des activités de l'Arjel en matière de lutte contre les sites illégaux avec plus d'un millier de mises en demeure envoyées.

Début 2012, le tribunal de grande instance de Paris a ordonné le blocage pendant huit mois d'un site de casino en ligne, une première depuis l'entrée en vigueur de la loi du 12 mai 2010 régulant les jeux en ligne.

L'Arjel a prévenu qu'elle se montrerait particulièrement vigilante dans la perspective des grands événements sportifs qui auront lieu cette année, dont les Jeux olympiques de Londres et l'Euro de football.

Pour améliorer la lutte contre la fraude, le régulateur prévoit de mettre en place "un numéro unique" pour les joueurs, à savoir une empreinte informatique qui permettra de suivre leurs mouvements sur la toile. (édité par Jean-Michel Bélot)