par Pedro da Costa et Mark Felsenthal

Ces propos ont atténué les craintes d'un resserrement à venir de la politique monétaire américaine, permettant à Wall Street d'accroître ses gains en séance.

Lors de sa première audition par la commission des Services financiers de la Chambre des représentants depuis sa reconduction à la tête de la Fed le mois dernier, Ben Bernanke a dressé un tableau globalement sombre de l'état de l'économie américaine en dépit de signes récents de rebond de la croissance.

Le pays a détruit 8,4 millions d'emplois en un peu plus de deux ans au cours de sa pire récession depuis la Grande Dépression des années 1930.

Le président de la Fed a estimé que les destructions d'emplois étaient en train de s'atténuer même s'il a reconnu que la récession avait affecté les travailleurs américains.

"Nonobstant les signaux positifs, le marché du travail reste très faible", a-t-il dit.

La Fed, a-t-il ajouté, "continue d'anticiper que la situation économique (...) devrait garantir un niveau exceptionnellement bas du taux des fonds fédéraux pendant une période prolongée".

LA NORMALISATION VIENDRA

Le successeur d'Alan Greenspan s'est également dit prêt à continuer de soutenir l'économie par le biais de mesures exceptionnelles. Il a toutefois prévenu que la Fed disposait d'un large éventail d'outils pour pouvoir supprimer de telles mesures le moment venu.

"La Réserve fédérale devra, à un moment donné, commencer à durcir les conditions monétaires", a-t-il averti.

Les propos de Ben Bernanke ont été bien accueillis par les investisseurs, puisque dans leurs sillage les Bourses européennes ont fini en hausse et que, vers 18h15 GMT, l'indice Dow Jones progressait de 0,82%, ignorant la chute inattendue des ventes de logements neufs aux Etats-Unis.

Les investisseurs s'étaient montrés inquiets quant à l'évolution de la politique monétaire de la Fed après le relèvement inattendu d'un quart de point du taux d'escompte jeudi dernier. Certains craignaient en effet qu'il n'augure d'une hausse plus prochaine qu'attendu jusqu'alors du taux cible des fonds fédéraux ("fed funds").

Sur ce point, Ben Bernanke a répété ce que la Fed avait déjà dit, à savoir que le relèvement du taux d'escompte visait à normaliser un peu plus les facilités de crédit de la Réserve fédérale et n'augurait en rien d'un resserrement de sa politique monétaire.

BERNANKE DÉFEND LE RÔLE DE SUPERVISEUR DE LA FED

Parmi les options dont dispose la banque centrale américaine pour engager un tel resserrement, Ben Bernanke a évoqué la possibilité d'opérations de drainage des réserves des établissements financiers, qui pourraient passer par une facilité de dépôts à terme.

Un tel mécanisme inciterait les banques à déposer leurs fonds auprès de la banque centrale et pourrait être opérationnel rapidement après avoir été testé au printemps, a déclaré Ben Bernanke.

La plupart des analystes ne s'attendent pas à ce que la Fed relève le taux de ses fonds fédéraux avant le second semestre de l'année. .

Selon une enquête Reuters publiée mercredi, les économistes s'attendent à ce que la Banque centrale européenne maintienne de son côté ses taux jusqu'au quatrième trimestre.

Toutefois, alors que la Fed et la BCE semblent s'orienter vers un durcissement de leur politique monétaire, la situation est moins claire concernant la Banque d'Angleterre (BoE).

L'un des membres de son Comité de politique monétaire, Adam Posen, a en effet déclaré que les autorités devraient songer à limiter la taille des établissements bancaires pour éviter d'avoir à gérer des banqueroutes massives.

Evoquant aussi la régulation financière, Ben Bernanke a pris acte des efforts du Congrès pour tirer les leçons de la crise, mais il a exhorté les élus à préserver la confidentialité des banques qui viennent emprunter de l'argent au guichet d'escompte de la Fed.

Il a en outre défendu le rôle de supervision de la Fed, remis en cause par un projet de réforme en cours d'élaboration au Sénat, en rappelant que les informations recueillies dans le cadre de sa mission de surveillance des banques avaient permis d'orienter sa gestion de la crise.

Avec Emily Kaiser, Alexandre Boksenbaum-Granier pour le service français, édité par Marc Angrand