par Cyril Altmeyer

La remotorisation de l'Airbus A320, dont AirAsia est un gros client, est une nécessité, a-t-il ajouté, disant attendre une décision sur le sujet.

AirAsia a commandé 200 Airbus A320 - dont 25 sous la forme d'options. Elle en a pris livraison de 84, dont 14 sont venus remplacer cette année des Boeing 737.

"J'envisagerais d'acheter des Embraer ou des Bombardier s'ils fabriquaient un plus gros avion. L'appareil actuel est trop petit", a dit Tony Fernandes, disant avoir besoin d'appareils de 170 à 180 sièges.

Les deux constructeurs sont actuellement spécialisés dans les avions régionaux, mais les analystes n'excluent pas qu'ils puissent venir concurrencer directement Airbus et Boeing.

Tony Fernandes a souligné que la remotorisation de l'A320 - ou du 737 de Boeing - était nécessaire, parce que les compagnies allaient avoir besoin d'avions plus économes en carburant, au moment où les cours du pétrole vont continuer à monter, poussés par la spéculation et la raréfaction des ressources.

"Airbus et Boeing ont tout fait pour l'éviter parce qu'ils gagnent énormément d'argent, qui couvre certains de leurs autres problèmes avec l'A380 ou le B787, mais ils ne doivent pas négliger leurs principaux clients", a ajouté Tony Fernandes.

"Airbus et Boeing doivent faire attention", a-t-il ajouté. "Ils ne doivent pas croire que leur position est assurée pour toujours. Boeing nous considérait comme un client acquis et nous avons acheté 200 Airbus."

"Si Airbus et Boeing ne sortent pas un nouveau produit, je suis sûr qu'Embraer, Bombardier et les Chinois le feront", a poursuivi Tony Fernandes.

VOLCAN ISLANDAIS

Il a également déclaré qu'il regardait le gros porteur A380, mais qu'il était pour l'instant trop cher pour la compagnie.

Il a ajouté qu'il avait suffisamment d'appareils pour l'instant même s'il envisagerait d'augmenter sa flotte à terme.

"Le marché est énorme. D'autres compagnies ont près de 800 gros porteurs, je ne vois pas pourquoi cela ne peut pas être le cas pour nous", a-t-il souligné.

AirAsia, première compagnie low cost asiatique en termes de flotte, concurrence Tiger Airways et Jetstar Asia.

Tony Fernandes a accordé un entretien à Reuters avant une conférence de presse sur l'ouverture de la liaison Paris-Kuala Lumpur d'AirAsia X, compagnie long courrier dont AirAsia est l'actionnaire majoritaire aux côtés de Virgin Group, propriété du milliardaire Richard Branson et du japonais Orix Group.

Lancée en 2007, AirAsiaX, qui opère déjà un vol Londres-Kuala Lumpur, a étudié plusieurs autres destinations comme l'Allemagne, Milan ou Nice, mais la paralysie du ciel européen après l'éruption du volcan islandais au printemps a scellé la décision de choisir Paris, expliqué Tony Fernandes.

"Nos équipes étaient bloquées à Paris. Azran (Osman Rani, directeur général d'AirAsia X) est revenu et m'a dit : il y a un énorme marché touristique là-bas, on devrait créer notre ligne vers Paris", a-t-il raconté. "Nous devons donc notre décision à un volcan islandais au nom imprononçable."

Il a ajouté espérer rentabiliser la ligne en trois mois. "Il y a une énorme demande pour Paris", a-t-il observé.

AirAsia X possède 11 avions - neuf A330 et deux A340. Elle a commandé dix A320 et 25 A350, le futur nouvel avion d'Airbus.

POSITION ENVIABLE EN ASIE

Tony Fernandes a dit ne pas s'inquiéter du glissement annoncé vendredi par EADS pour la mise en service de l'appareil, de la mi-2013 au second semestre de la même année.

"Je suis dans le métier depuis neuf ans et je n'ai jamais vu un avion arriver à temps. Je ne pense même pas à l'A350."

Tony Fernandes a souligné qu'AirAsia bénéficiait d'une position enviable en Asie, marché aérien en forte croissance où vit près de la moitié de la population de la planète.

Elle bénéficie aussi de l'absence de solides liaisons ferroviaires et routières pour relier ses principales villes, étant donné la prédominance de la mer dans la région.

"Vous ne pouvez pas aller en voiture de Kuala Lumpur à Bangkok et vous ne pouvez pas vraiment non plus aller en bateau de Kuala Lumpur à Djakarta - ou alors vous êtes fou", a-t-il observé.

Quant à AirAsia X, elle bénéficiera d'une moindre concurrence sur les tarifs pour des vols reliant l'Europe et l'Asie ou l'Océanie, avec des destinations comme l'Indonésie ou l'Australie, a souligné Tony Fernandes.

Edité par Benjamin Mallet