Le président américain a dévoilé jeudi de nouvelles mesures pour limiter la prise de risque des principaux établissements de Wall Street et il s'est dit prêt à batailler avec les banques qu'il accuse d'être responsables pour partie de la crise économique et financière.

Le chef de la Maison blanche veut notamment restreindre sévèrement la pratique des opérations pour compte propre, qui consiste pour les banques à jouer en Bourse leur propre argent par opposition aux placements pour le compte de la clientèle.

Il souhaite également interdire aux banques, ou aux institutions financières contrôlant des banques, de posséder, d'investir ou de soutenir des fonds spéculatifs ou des fonds de capital-investissement.

La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a salué ces propositions, qui constituent selon elle "une très très bonne avancée".

Elle s'est notamment félicitée que le président des Etats-Unis estime désormais "que la régulation - c'est un mot tabou qui était difficile à employer aux Etats-Unis dans le milieu financier - est déterminante pour encadrer et limiter les excès dans le secteur bancaire".

L'opposition conservatrice britannique, promise selon les sondages à la victoire lors des élections qui doivent se tenir d'ici juin, a également apporté son soutien à l'initiative de Barack Obama, à l'opposé de l'hostilité affichée par les républicains américains.

"Le président Obama a donné au reste du monde d'importantes marges de manoeuvre pour aboutir à ce que j'imagine comme un système sensé de règles internationales", a déclaré George Osborne, ministre des Finances du cabinet fantôme des conservateurs.

NÉCESSITÉ D'UNE COORDINATION INTERNATIONALE

"J'ai dit constamment que nous devrions envisager de séparer la banque de détail d'activités comme le trading pour compte propre à haute échelle et que l'international était la meilleure façon de le faire", a-t-il ajouté.

Beaucoup se demandent toutefois si les propositions de Barack Obama ont des chances d'être appliquées en l'état, surtout après la défaite des démocrates dans leur bastion du Massachusetts en début de semaine qui les a privés de la majorité qualifiée au Sénat.

Elles devraient en revanche trouver un écho favorable dans l'opinion publique aux Etats-Unis comme en Europe, échaudée par les bonus extrêmement généreux annoncés par les banques qui ont bénéficié de l'argent public.

Washington devra par ailleurs tenter de convaincre ses partenaires internationaux de lui emboîter le pas ou risquer de voir les groupes bancaires internationaux fuir son territoire.

Wall Street a terminé en baisse marquée jeudi et des dégagements sont également à l'oeuvre en Asie et en Europe.

"Je ne peux pas dire que je suis convaincu de la sagesse" du projet, commente Adam Carr, économiste à Icap. "L'une des plus grandes menaces pesant sur la reprise et sur laquelle je pense nous sommes tous d'accord est la perspective accrue de surrégulation".

Le britannique George Osborne a également souligné les dangers d'un cavalier seul.

"Je ne veux pas faire des choses qui pourraient faire du tort uniquement à la City de Londres ou faire du tort uniquement aux banques britanniques", a-t-il dit.

"Si de nouvelles règles sont nécessaires, elles devront faire l'objet d'un accord international et je pense que la réunion du G20 en Corée du Sud dans quelques mois sera le bon endroit pour tenter de mettre au point ces règles", a-t-il poursuivi.

Le risque est limité d'aller trop loin dans les initiatives prises au nivau international pour encadrer le système financier, estime au contraire Jose Manuel Gonzalez-Paramo, membre du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne.

"De mon point de vue, le principal risque aujourd'hui n'est pas de faire trop mais plutôt de ne pas faire assez", a-t-il dit.

Version française Gwénaelle Barzic