Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé sur BFM-TV et RMC une baisse "modeste et provisoire" de la fiscalité pour atténuer l'impact de la flambée des prix des carburants en France.

"Les déclarations du Premier ministre vont dans le bon sens. On avait dit depuis le début que pour atténuer l'augmentation des prix des carburants, il fallait d'abord jouer sur les taxes, le gouvernement reconnaît cette réalité", a dit à Reuters Jean-Louis Schilansky, président de l'Ufip.

Le secteur pétrolier défend une réduction des taxes perçues par l'Etat, qui représentent en moyenne 50% du prix à la pompe (55% sur le sans plomb et 47% sur le gazole, qui représente 80% de la consommation) - alors qu'il ne chiffre son propre bénéfice qu'à un centime par litre.

"Le plus efficace sera d'agir sur la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques ex-TIPP) parce que sur la TVA il faut passer par Bruxelles", a estimé Jean-Louis Schilansky.

Interrogé sur le niveau de baisse qui serait satisfaisant pour le consommateur, le président de l'Ufip n'a pas voulu s'avancer, soulignant seulement que l'impact sera dans tous les cas très lourd sur le budget de l'Etat.

"Un centime d'euros du litre sur la TICPE, c'est 500 millions d'euros par an, donc ça va très vite", par exemple 125 millions par trimestre, a-t-il indiqué.

En 2011, la TICPE a rapporté 14,1 milliards d'euros, situant cette taxe au quatrième rang des recettes fiscales de l'Etat derrière la TVA, l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les sociétés, selon le site du ministère de l'Economie.

EFFORT DES PÉTROLIERS

Jean-Marc Ayrault a déclaré en outre que, en plus des mesures fiscales, le gouvernement demanderait aux producteurs et distributeurs "leur propre part de l'effort", sans préciser à quelle hauteur.

"C'est tout l'objet de la discussion du 28 (septembre)", a dit le président de l'Ufip à propos de la table ronde que réunira à cette date le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici.

Les acteurs de l'industrie pétrolière devront déjà s'acquitter cette année d'une taxe exceptionnelle de 550 millions d'euros votée dans le cadre du projet de loi de finances rectificative adopté fin juillet. La somme est quasiment équivalente à la marge nette réalisée par le secteur en 2011, selon l'Ufip.

Depuis le début de l'année, l'augmentation des prix à la pompe a eu un impact certain sur la consommation de carburant des ménages, qui est en baisse de 1% par rapport à la même période de 2011, selon l'organisation.

Lors du dernier pic des prix des carburants en 2008, "il y avait eu un effet très considérable où la consommation avait baissé de plus de 2%. Là, c'est moins important mais malgré tout c'est le signe que les automobilistes font très attention", a ajouté Jean-Louis Schilansky.

Edité par Yann Le Guernigou

par Marion Douet