par Martin Petty

HANOÏ, 17 mars (Reuters) - L'Union européenne va ouvrir cette semaine des négociations avec les autorités birmanes, a annoncé lundi le commissaire européen au Commerce, une démarche qui vise à nouer un pacte d'investissement susceptible de donner un accès privilégié aux entreprises du Vieux Continent à ce marché encore peu défriché.

Fermée à l'investissement occidental jusqu'à 2012 en raison notamment de l'existence d'un régime de sanctions, la Birmanie, également appelée Myanmar, est désormais surveillée de près par de nombreuses sociétés européennes qui espèrent obtenir un accès à des secteurs protégés et à se prémunir contre un climat politique incertain.

"Nous allons négocier des accords préférentiels et spéciaux, essentiellement parce que nous avons beaucoup de choses à leur offrir", a déclaré lundi le commissaire Karel de Gucht lors d'un entretien à Hanoï.

Coincée entre la Chine et l'Inde, deux économies à forte croissance, la Birmanie a un potentiel élevé dans l'agriculture et le tourisme mais également dans les ressources naturelles, qu'il s'agisse du pétrole, du gaz, du teck, du cuivre ou des pierres précieuses.

Au pouvoir depuis cinquante ans, la junte militaire birmane a confié en mars 2011 le pouvoir à un gouvernement civil dirigé par l'ancien général Thein Sein, qui a mené une série de réformes, levé la censure dans les médias et libéré plusieurs centaines de détenus politiques dans le but de sortir le pays de son isolement.

Cette ouverture progressive de l'économie birmane n'a pour l'instant convaincu qu'un petit nombre d'investisseurs étrangers de venir d'y installer. Beaucoup d'entreprises restent préoccupées par les lourdeurs administratives et par la faiblesse des infrastructures d'énergie et de transports.

La réputation de la Birmanie est en outre entachée par un système institutionnel qui reste teinté de népotisme et dans lequel les élites politiques et économiques sont étroitement liées à l'armée.

"Nos investisseurs doivent être protégés et c'est important pour le Myanmar parce que, si les investissements ne sont pas protégés, il n'y en aura tout simplement pas" a déclaré Karel de Gucht.

"Si cela n'est pas mis en place, ce sera difficile de prendre le risque d'investir depuis l'étranger." (Nicolas Delame pour le service français, édité par Marc Angrand)