par Deepa Seetharaman

La semaine passée, la page a été officiellement tournée sur 2008, une année marquée par une série de désastres financiers et la destruction de plus de 5.000 milliards de dollars de capitalisation boursière sur l'indice Standard & Poor's 500.

La dernière ligne droite de l'année et la première séance de 2009, vendredi, a malgré tout été une fois encore le théâtre du traditionnel "rally" du Nouvel an. Les investisseurs voulant croire que 2009 ne ressemblera pas à l'année passée, Wall Street a gagné du terrain trois séances d'affilée bien que les perspectives économiques pour l'année nouvelle restent toujours aussi préoccupantes.

Sur la semaine, l'indice Dow Jones des trente principales valeurs s'est adjugé 6,1%, l'indice élargi S&P-500 a pris 6,8% et le composite du marché Nasdaq, à forte composante technologique, a grimpé de 6,7%.

Les volumes d'échanges sont toutefois restés très peu étoffés car nombre d'intervenants étaient absents pour les fêtes.

WALL STREET VEUT CROIRE EN OBAMA

La fin des ventes d'actions associées aux liquidations de positions des hedge funds, traditionnelles à chaque fin d'année pour des raisons fiscales, pourrait en revanche apporter un coup de pouce au marché.

Mais il y a surtout "'espoir que le changement d'administration, avec l'investiture du président Obama, s'accompagnera aussi d'un changement pour l'économie", souligne Michael James, trader chez Wedbush Morgan.

Il prévient toutefois que "le tableau économique est toujours trop négatif".

Les espoirs suscités par la perspective d'un nouveau plan de relance massif pour l'économie - dont le numéro deux démocrate à la chambre des représentants, Steny Hoyer, a déclaré dimanche qu'il pourrait être voté par le Congrès dès la mi-février malgré les inquiétudes de l'opposition républicaine sur la facture pour le contribuable - sont contrebalancés par la crainte de mauvais chiffres de l'emploi, vendredi, et celle de possibles avertissements de sociétés en prévision de la nouvelle saison de trimestriels qui se profile à l'horizon.

Le géant de l'aluminium Alcoa ouvrira comme chaque trimestre le bal des publications lundi 12 janvier et la probabilité de "warnings" ne cessera de croître avec l'approche des résultats d'entreprises. Les investisseurs guetteront aussi les indices émanant de géants de la cote, comme la major du pétrole Chevron qui fera un point intermédiaire sur ses trimestriels jeudi, pour se faire une idée d'un quatrième trimestre 2008 qui risque bien de ressembler encore à l'année écoulée.

"Un grand nombre d'entreprises ont été relativement discrètes sur l'évolution de leur trimestre", observe Marc Pado, stratège chez Cantor Fitzgerald & Co. "Nous allons sans doute avoir des résultats contenant de très lourdes dépréciations, en particulier chez les financières. On s'y est préparé."

Barack Obama rencontrera les leaders du Congrès lundi, et les élus démocrates espèrent que le plan de relance grâce auquel le nouveau président espère créer ou préserver jusqu'à trois millions d'emplois sera sur son bureau d'ici son entrée en fonction le 20 janvier. Mais les Républicains pourraient ne pas l'entendre de cette oreille, certains craignant que la facture n'enfle jusqu'à 1.000 milliards de dollars.

D'ici la statistique de l'emploi de vendredi, dont les économistes attendent 500.000 pertes de postes en décembre, la semaine sera riche en indicateurs avec, dès lundi, des ventes automobiles de novembre qui devraient ressortir de nouveau en baisse, suivies mardi de l'indice ISM des services puis jeudi des chiffres des ventes à périmètre comparable dans la distribution. Les économistes redoutent une contraction de 1,1%, du jamais vu depuis au moins l'an 2000.

Version française Gilles Guillaume