HONG KONG/LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Les Bourses mondiales chutent et le pétrole s'échange à plus de 100 dollars le baril jeudi matin, tandis que les investisseurs se ruent sur l'or et la dette souveraine, après le lancement d'une offensive militaire russe en Ukraine.

Alors que les échanges ont été suspendus à la Bourse de Moscou, où l'indice RTS a perdu 24,5% depuis le début de l'année, les principaux indices actions européens accusent de forts replis en début de séance. Vers 10h00, l'indice paneuropéen Stoxx Europe 600 reculait de 2,8% à 441 points. A Paris, le CAC 40 et le SBF 120 perdaient respectivement 2,7% et 2,6%. A Francfort, le DAX 30 lâchait 3,5% et, à Londres, le FTSE 100 cédait 2,7%.

La tendance a été similaire cette nuit en Asie-Pacifique. L'indice Nikkei a ainsi abandonné 1,8% à Tokyo, le Shanghai Composite a reculé de 1,7% et le Hang Seng a chuté de 3,2% en fin de séance à Hong Kong. En Australie, l'indice S&P ASX 200 a cédé 3%.

Les contrats à terme sur les indices de Wall Street laissent eux aussi attendre une ouverture dans le rouge, avec des baisses de 2% pour les contrats sur l'indice Dow Jones et le S&P 500 et de 2,4% pour celui sur le Nasdaq.

De nouvelles sanctions européennes à venir

Le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé une opération militaire en Ukraine, afin, selon lui, de protéger les civils. Le président des Etats-Unis, Joe Biden, a qualifié cette décision d'attaque non provoquée et injustifiée de l'Ukraine, et a promis de prendre de nouvelles mesures contre la Russie.

Plusieurs explosions ont été entendues dans le centre de Kiev, la capitale ukrainienne. Des témoins ont rapporté des explosions dans la ville de Kharkiv et dans d'autres villes.

L'Ukraine avait déjà déclaré l'état d'urgence, commencé à mobiliser les réservistes et appelé ses citoyens à quitter immédiatement la Russie, dans la perspective d'une invasion imminente.

Un responsable ukrainien a déclaré que "l'invasion a[vait] commencé", tandis que l'ambassadeur russe à l'ONU a affirmé devant le Conseil de sécurité que Moscou ciblait la "junte au pouvoir à Kiev". Les Etats-Unis comptent déposer ce jour un projet de résolution condamnant l'opération militaire russe en Ukraine devant le Conseil de sécurité des Nations Unies.

Les Occidentaux ont prévenu jeudi matin qu'ils allaient durcir les sanctions contre la Russie. "Nous allons présenter un ensemble de sanctions massives et ciblées", a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Des risques croissants pour l'économie mondiale

Cette situation accroît les risques pour une économie mondiale déjà confrontée à des problèmes d'approvisionnement et une inflation élevée. L'Europe devrait supporter le gros des répercussions économiques du conflit.

Qualifiant la réaction des marchés de "sismique", le stratégiste de Deutsche Bank, Jim Reid, souligne que les événements en Ukraine affecteront de manière significative le reste du monde au travers de l'inflation.

"Une situation qui paraissait incroyable à la plupart des investisseurs est en train de se produire", commente Slava Smolyaninov, responsable de la stratégie de BCS Global Markets à Moscou. "Il s'agit d'un changement complet. Nous sommes maintenant dans un monde différent", souligne-t-il.

Dans ce contexte, les cours du pétrole s'envolent. Le Brent de mer du Nord dépasse le seuil de 100 dollars le baril pour la première fois depuis 2014, le contrat pour livraison en avril gagnant 5,9% à 102,51 dollars. Le contrat de même échéance sur le brut léger doux (WTI) coté au Nymex s'adjuge 5,4%, à 97,11 dollars le baril.

Les autres matières premières bondissent également. Les contrats à terme sur le gaz naturel en Europe s'adjugent 30% et les prix du nickel et de l'aluminium, deux métaux dont la Russie est un producteur majeur, évoluent à leurs plus hauts niveaux des dix dernières années. Les contrats sur le blé et le maïs atteignent également des niveaux inédits depuis plusieurs années, la Russie et l'Ukraine étant des producteurs majeurs de ces produits agricoles.

L'économiste Mari Iwashita, chez Daiwa Securities estime que les investisseurs devraient rester prudents pendant quelque temps. "Pour le moment, les marchés sont simplement préoccupés et averses au risque, mais en mars, [la hausse des prix des matières premières] deviendra probablement une réalité", car elle se reflétera dans les chiffres de l'inflation aux Etats-Unis et en Europe, prévient-elle.

L'or et la dette souveraine, considérés comme des valeurs refuges en périodes de crise, gagnent également du terrain. Le rendement du bon du Trésor américain à dix ans, le titre de référence du marché, recule à 1,899%, contre 1,997% mercredi soir. Le taux du Bund allemand à dix ans chute à 0,147%, contre 0,229% mercredi soir. L'once d'or se négocie dans le même temps à 1.946,90 dollars, en hausse de 1,9%.

Sur le marché des changes, l'euro recule de 0,6% face au dollar, tandis que le rouble plonge de 6,1% face au billet vert. La banque centrale russe est intervenue sur le marché pour stabiliser le rouble.


-Quentin Webb et Caitlin Ostroff, The Wall Street Journal

(Version française et contribution Valérie Venck) ed: FXS - DID - ECH

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February 24, 2022 04:21 ET (09:21 GMT)