MANILLE, 13 novembre (Reuters) - L'ex-sénatrice Leila de Lima, farouche critique de la sanglante "guerre contre la drogue" de l'ancien président philippin Rodrigo Duterte, a été libérée sous caution lundi, plus de six ans après avoir été emprisonnée pour des accusations qu'elle a toujours niées.

Leila de Lima, 64 ans, a fait face à diverses accusations en 2017, quelques mois après avoir lancé une enquête sénatoriale sur la campagne antidrogue de Rodrigo Duterte, au cours de laquelle des milliers de consommateurs et de revendeurs de stupéfiants ont été tués par la police ou dans des circonstances mystérieuses.

"Enfin libre", a déclaré l'avocate et militante des droits humains aux journalistes et à ses partisans lors d'une conférence de presse peu après sa sortie de prison.

"Bien que cela ait pris trop de temps, je n'ai jamais perdu foi en ma liberté inévitable", a-t-elle ajouté.

Rodrigo Duterte, dont le mandat a pris fin en 2022, l'a accusée de collusion avec des gangs de trafiquants de drogue lorsqu'elle était ministre de la Justice.

Deux des trois procès intentés contre Leila de Lima ont depuis été rejetés et elle a demandé à être libérée sous caution pour des raisons de santé dans le cadre du procès en cours, ce que le tribunal a accepté lundi.

Salvador Panelo, ancien conseiller juridique du président Duterte, a déclaré que les procureurs pouvaient faire appel de la décision de mise en liberté sous caution devant des juridictions supérieures. Ils pourraient également présenter d'autres éléments de preuve "afin d'obtenir une condamnation", a-t-il dit dans un communiqué.

Leila de Lima a toujours affirmé que les accusations portées contre elle étaient sans fondement et motivées par des considérations politiques.

Les groupes de défense des droits de l'homme ont accusé Rodrigo Duterte d'inciter à la violence et la police d'avoir assassiné des personnes soupçonnées de trafic de drogue et non armées.

La police a toujours nié ces accusations et l'ex-président a insisté sur le fait que les policiers avaient reçu l'ordre de ne tuer qu'en cas de légitime défense. (Reportage Neil Jerome Morales et Mikhail Flores ; version française Kate Entringer, édité par Zhifan Liu)