Zurich (awp) - La Bourse suisse a ouvert sur une forte chute vendredi après que les électeurs britanniques ont voté en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (Brexit). Dans une première réaction, le SMI a plongé de près de 550 points sous les 7500 points. Par la suite il s'est remis du choc et s'est mis à osciller sous la barre de 7800 points. Les investisseurs ont été pris à contre-pied, car les marchés avaient parié sur le maintien dans l'UE.

La situation s'est un peu calmée en matinée, mais l'incertitude reste élevée et on est dans l'attente de voir quelles seront les conséquences du Brexit sur l'évolution conjoncturelle du pays, de l'Europe et du reste du monde. Afin de modérer les incertitudes, la Banque centrale européenne et la Banque d'Angleterre ont signalé qu'elles étaient prête à intervenir et à fournir des liquidités aux marchés.

Les analystes d'xtb Trading online parlent d'événement "littéralement historique", car le Brexit est passé contre toute attente. Trompés par les sondages favorables au maintien et par les cotes des bookmakers, les marchés avaient été poussés à l'optimiste ces derniers jours. Ils avaient pour leur part lourdement insisté sur l'importance de fermer toutes les opérations de Live Trading avant le résultat, car le résultat du vote était imprévisible.

Dans son commentaire matinal, John Plassard, de Mirabaud Securities, rappelle lui aussi qu'il avait appelé à la prudence, relevant que les sondages ont souvent tort lorsqu'il s'agit d'un référendum sur l'indépendance d'un pays ou d'une région. Quant aux conséquences, l'expert note, pour la Suisse, que l'horlogerie a exporté en 2015 1,16 mrd CHF de produits au Royaume-Uni. La forte baisse de la livre sterling devrait impacter ce secteur. Le Brexit entraînera aussi une ère d'incertitude pour les banques, relève cet expert.

Ce dernier rappelle que d'autres événements sont à venir, surtout les législatives espagnoles du week-end. Le président Mariano Rajoy a déclaré qu'il y a plus à craindre de l'alliance de gauche que d'un Brexit et qu'une victoire de Podemos empêcherait l'économie espagnole de croître à un rythme supérieur à 3% cette année.

Analyste principal de Swissquote, Peter Rosenstreich prévoit que le Brexit aura un impact massif. Le franc devrait être l'un des premiers recours contre les risques liés à la décision des Britanniques. La BNS a confirmé être intervenue directement et il est clair qu'elle surveillera l'évolution de la situation avec prudence.

L'analyste anticipe un environnement d'aversion au risque centrée sur l'Europe, ce qui laisse présager une période prolongée de fermeté du franc et mettra la BNS sur la défensive. Avec des réserves totales dépassant 95% du PIB annuel de la Suisse, une nouvelle expansion du bilan pourrait s'avérer déstabilisante. La BNS pourrait alors renforcer les taux en territoire négatif, mais il est peu probable que cela suffise pour dissuader les investisseurs en quête de sécurité. Par ailleurs, l'expérience des taux négatifs est récente et les conséquences à long terme sont encore inconnues.

A 12h10, le SMI reculait de 3,34% à 7755,08 points, avec un plus bas à 7476. Le SLI cédait 4,48% à 1166,65 points et le SPI 3,12% à 8413,06 points. Les trente blue chips étaient dans le rouge.

L'indice VSMI de volatilité, après avoir bondi à 34,5 points, était un peu redescendu et s'inscrivait en hausse de 7,6% à 27,3 points par rapport à la veille. Le franc résistait plutôt bien à 1,0786 CHF pour 1 EUR.

Les bancaires et les cycliques étaient fortement sous pression. Elles avaient profité ces derniers jours de l'espoir d'un maintien du Royaume-Uni dans l'UE. La place financière de Londres et l'ensemble de l'industrie de la finance sont considérés comme les gros perdants du Brexit. UBS chutait de 9,3%, CS de 12% et Julius Bär de 8,5%. Aux assurances, Zurich abandonnait 5,2% et Swiss Re 4,5%.

Parmi les valeurs sensibles à la conjoncture, Adecco perdait 9,9%, LafargeHolcim 7,2% et Dufry 7,1%. En début de séance, ces titres affichaient encore des pertes à hauteur du pourcent à deux chiffres.

Les valeurs du luxe Richemont (-5,4%) et Swatch (-4,1%) tenaient un peu mieux le coup. Baader Helvea a rétrogradé les deux titres à "hold" de "buy". Brexit devrait entraîner une croissance économique plus lente, ce qui devrait peser sur le secteur du luxe.

Dans le camp des poids lourds défensifs, Nestlé perdait 1,0%, Novartis 2,4% et Roche 2,3%.

Sur le marché élargi, Kuros (-11%) et GAM (-7,6%) faisaient partie des gros perdants. Dans le camp des gagnants, on trouvait Leclanché (+3,4%) et Bell (+2,5%).

Airopack perdait 4,1% au lendemain de l'assemblée générale qui a accepté une augmentation de capital.

Pour Valora (-3,0%), l'exploitant de kiosques a vendu Naville Distribution à Thomas Kirschner, propriétaire du groupe allemand 7Days. La société bâloise s'attend à réaliser un produit net de 23 mio CHF en espèces grâce à cette opération.

Wisekey (-5,9%) a contracté un emprunt convertible de 3 mio CHF auprès d'investisseurs sélectionnés. Les actions qui doivent être servies pour un emprunt proviennent du capital conditionnel, a indiqué l'entreprise de cybersecurité.

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