BRUXELLES, 11 mars (Reuters) - La France a exhorté lundi à Bruxelles ses partenaires européens à réexaminer une levée de l'embargo sur les armes à destination des insurgés syriens, ce qui la place en conflit avec l'Allemagne qui redoute le caractère contagieux de semblable mesure.

Lors du Conseil des affaires étrangères de l'Union européenne, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a déclaré que la levée de l'embargo "(...) va devoir, je pense, être reposée très vite car on ne peut pas admettre qu'il y ait un tel déséquilibre qui aboutit au massacre de toute une population".

Le ministre français a évoqué "(...) un déséquilibre évident entre (le président) Bachar al Assad, qui reçoit des armes puissantes venues d'Iran et de Russie, et la Coalition nationale syrienne (CNS, rebelle) qui ne dispose pas de ces mêmes armes".

Mais à l'issue de la réunion des Vingt-Sept, le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle, a déclaré que semblable mesure pouvait favoriser une prolifération d'armes dans la région et déclencher une guerre par procuration.

Seuls deux Etats dans le monde approvisionnent, croit-on savoir, les rebelles syriens: la riche Arabie saoudite et l'émirat gazier du Qatar.

Les Etats-Unis affirment eux rechigner à livrer des armes aux adversaires de Bachar al Assad de crainte de voir cet arsenal tomber entre les mains d'islamistes radicaux qui pourraient les retourner contre des intérêts occidentaux.

Au sein de l'Union européenne, la Grande-Bretagne, soutenue par Paris, souhaiterait un assouplissement de l'embargo pour aider les insurgés syriens. Mais bon nombre d'autres Etats membres de l'UE émettent des réserves.

En février, et à l'issue de semaines de marchandages, les Vingt-Sept ont fini par amender l'embargo pour autoriser la fourniture de véhicules blindés, d'équipements militaires non-létaux et d'une assistance technique à condition que cette aide ait pour but de protéger les civils.

Les ministres des Affaires étrangères ont évoqué à Bruxelles le dossier syrien en présence de Lakhdar Brahimi, l'émissaire de l'Onu et de la Ligue arabe, qui a évoqué un risque de "somalisation" du conflit syrien.

"Le véritable choix en Syrie se situe entre un accord pacifique, politique et consensuel et une situation qui ressemble en la surpassant à celle que la Somalie a connue ces dernières années", a prévenu le diplomate algérien lors d'une conférence de presse. (Adrain Croft et Justyna Pawlak; Jean-Loup Fiévet pour le service français)