par Naomi O'Leary

ROME, 22 novembre (Reuters) - Le président de la Fifa, Sepp Blatter, a estimé vendredi que la France et l'Allemagne, coupables selon lui d'avoir fait pression en faveur de l'attribution de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, doivent être en partie tenues pour responsables du sort réservé aux ouvriers étrangers.

Depuis 2010, la plus haute instance du football mondial a essuyé une série de polémiques, notamment sur les conditions de vie très dures des travailleurs dans le domaine de la construction au Qatar dont la presse a récemment fait état.

Mais, selon Sepp Blatter, il faut en faire le reproche aux deux principales puissances européennes, qui ont agi en fonction de leurs intérêts économiques, mais aussi aux entreprises du bâtiment.

Depuis Rome où il a tenu une conférence de presse, Sepp Blatter a affirmé que le vote avait été influencé par "des pressions politiques des pays européens (...) parce qu'il y avait énormément d'enjeux économiques".

"Deux de ces pays ont fait pression sur les votants: la France et l'Allemagne. Il me semble que les chefs d'Etat de ces deux pays devraient donner leur avis sur la situation", a ajouté le président de la Fifa.

La Parlement européen a demandé jeudi à l'instance dirigeante du football d'exiger du Qatar une amélioration du traitement réservé aux ouvriers qui travaillent à la construction des stades et des infrastructures.

"C'est facile de dire que toute la responsabilité incombe à la Fifa. Non, non, nous n'avons qu'une part de responsabilité", a estimé Sepp Blatter devant les journalistes.

Les gouvernements français et allemand n'ont pas réagi dans l'immédiat sur le sujet.

La controverse est née à la suite de la publication de rapports d'Amnesty International et du quotidien britannique The Guardian, selon lesquels les ouvriers vivent et travaillent au péril de leur vie et sont parfois privés de salaire.

Selon une estimation de la Confédération syndicale internationale, la vie de 4.000 travailleurs est directement menacée avant même le coup d'envoi de la compétition.

Il serait déraisonnable, selon Sepp Blatter, pour les dirigeants européens de faire part de leurs inquiétudes dans la mesure où "la plupart" des entreprises travaillant au Qatar sont européennes.

Les grands contrats dans le domaine de la construction ont été attribués à des multinationales occidentales. Le rapport d'Amnesty International a relevé que la plupart des infractions étaient le fait de petits sous-traitants.

Sepp Blatter a fait savoir que le Qatar avait rédigé un plan en dix points afin de traiter la question et que la Fifa déciderait des actions à suivre après des consultations en début d'année prochaine. (Avec Amena Bakr, Simon Carraud pour le service français, édité par Eric Faye)