(Ajoute nouvelles informations et contexte, modifie provenance)

DOHA, 8 juin (Reuters) - Al Djazira, la chaîne de télévision pan-arabe basée au Qatar, a annoncé jeudi être la cible d'une vaste cyberattaque.

Cette attaque vise tous les systèmes de l'entreprise, les sites internet et ses plateformes sur les réseaux sociaux, a-t-elle dit sur Twitter.

Ses services continuent néanmoins de fonctionner, a-t-on souligné dans l'entreprise. Il s'agit de la troisième tentative de piratage d'Al Djazira durant les quatorze derniers mois.

Elle intervient trois jours après la rupture par l'Arabie saoudite, ses principaux alilés du Golfe ainsi que l'Egypte de leurs relations diplomatiques avec le Qatar.

Ces pays accusent l'émirat de déstabiliser la région en soutenant le terrorisme et l'Iran, ce que Doha dément.

L'Arabie saoudite a fermé lundi les bureaux d'Al Djazira dans le pays, mesure imitée par les Emirats arabes unis, Bahreïn, l'Egypte et le Yémen.

Fondée en 1996 par le gouvernement du Qatar, Al Djazira dispose de nombreux bureaux dans le monde et diffuse des informations en plusieurs langues, dont l'anglais.

La chaîne a notamment gagné en notoriété à l'occasion des soulèvements du "printemps arabe", dont elle a rendu compte en profondeur, donnant la parole aux voix de l'opposition dans des pays habitués à vivre sous des régimes autocratiques.

Son directeur général, Mostefa Souag, s'est engagé jeudi à maintenir l'indépendance rédactionnelle de la chaîne, en dépit des tensions et des pressions existantes.

"Tout ce qui se dit sur le fait qu'Al Djazira interviendrait dans les affaires des autres pays est complètement faux", a-t-il déclaré à Reuters. "On n'intervient pas dans les affaires de quiconque, on rend juste compte de ce qui se passe".

Les détracteurs de la chaîne lui reprochent d'être trop favorable aux islamistes, en Syrie, en Libye ou ailleurs, et d'être finalement au service de la diplomatie du Qatar.

Pour Mostefa Souag, de telles critiques sont infondées.

"Cela revient sans cesse, cette question du gouvernement, son intervention. En fait, nous n'avons littéralement aucun contact avec eux".

Mostefa Souag a déploré la fermeture dse bureaux de sa chaîne dans plusieurs pays et dit espérer qu'ils reviendraient sur cette décision.

Selon lui, les pays qui ont des différends politiques avec le Qatar doivent en discuter avec le gouvernement de Doha, "et ne pas s'en prendre à Al Djazira". (Tom Finn, Gilles Trequesser pour le service français)