Londres (awp/afp) - Les matières premières alimentaires ont toutes nettement progressé cette semaine, bénéficiant pour le cacao d'inquiétudes sur le niveau de l'offre et pour les autres de la nette appréciation du réal face à un dollar affaibli par la Réserve fédérale américaine.

"Les prix de la plupart des matières premières agricoles ont fortement progressé ces derniers jours", ont relevé les analystes de Capital Economics.

Selon ces derniers, la chute du dollar par rapport au réal brésilien a soutenu la hausse des cours du sucre et de l'arabica (dont les achats sont libellés dans la devise américaine) tandis que des inquiétudes sur l'impact de la sécheresse sur la taille de la récolte de fèves brunes de cette année en Afrique de l'Ouest ont profité aux prix du cacao.

- Le café porté par le renforcement du réal -

Les cours du café ont continué à progresser cette semaine, sous l'effet conjugué de nouvelles prévisions de déficit et de l'appréciation de la devise brésilienne face au dollar.

La tonne de robusta a même atteint jeudi à Londres 1.470 dollars, au plus haut en plus d'un mois, tandis que la tonne d'arabica a atteint le même jour à New York 134,90 cents, un maximum en cinq mois.

"Récemment, le réal a progressé jusqu'à atteindre son plus haut niveau face au dollar en plus de six mois, rendant les exportations de café depuis le Brésil moins intéressantes" pour les producteurs, ont souligné les analystes de Commerzbank.

Toutefois, "étant donné l'aggravation de la crise politique et économique au Brésil, il reste à voir combien de temps le réal va pouvoir défendre ses gains", ont mis en garde les experts de Commerzbank, alors que la justice brésilienne a suspendu jeudi l'entrée de l'ex-président Lula au gouvernement et que les députés ont lancé la procédure de destitution de la présidente Dilma Rousseff.

En outre, les cours étaient également soutenus, selon les experts de Commerzbank, par les prévisions du courtier Marex Spectron, qui anticipe pour la saison 2015/2016 un déficit de près de 2 millions de sacs (de 60 kg) de café et seulement un léger surplus d'offre pour la saison 2016/2017.

- Le sucre toujours galvanisé par des prévisions de déficit -

Les prix du sucre ont confirmé une fois de plus leur orientation haussière cette semaine alors que le marché bénéficie de longue date de prévisions de déficit pour la saison 2015/2016 et a pu en outre trouver un motif d'optimisme supplémentaire dans le renforcement du réal.

"La menace d'une production inférieure à la demande cette année maintient les acheteurs sur le marché", a commenté Jack Scoville, analyste chez Price Futures Group, qui observait que le spectaculaire rebond engagé par les cours depuis fin-février ne semblait pas prêt de s'arrêter.

La tonne de sucre blanc échangée à Londres a ainsi atteint jeudi 453,60 dollars, un maximum depuis fin juillet 2014, tandis que la livre de sucre brut échangée à New York est montée le même jour jusqu'à 16,02 cents, au plus haut en près de quatorze mois.

En outre, selon l'analyste, les volumes de sucre arrivant nouvellement sur le marché semblaient être limités, le Brésil restant majoritairement intéressé par la production d'éthanol, un carburant essentiellement consommé sur son marché intérieur.

- Le cacao aidé à nouveau par la météo en Afrique de l'Ouest -

Les prix du cacao ont également atteint de nouveaux sommets cette semaine sur fond de craintes grandissantes entourant la récolte en Afrique de l'Ouest, première région productrice de fèves brunes au monde, où sévit une sécheresse dommageable pour les plantations.

"Des idées émergent selon lesquelles la production de mi-saison pourrait être légèrement moindre qu'habituellement en raison du temps sec (en Afrique de l'Ouest)", a indiqué M. Scoville.

Par ailleurs, a poursuivi l'analyste, "d'autres informations ont fait état de l'arrivée dans les ports de Côte d'Ivoire de fèves petites et asséchées car le temps chaud et sec a absorbé toute l'humidité des gousses".

Ces craintes d'une offre réduite bénéficiaient donc aux cours, d'autant que le Nigeria et le Cameroun ont annoncé que leur production serait moindre (cette année) et qu'on pense que la récolte du Ghana va également être affectée par la sécheresse, a précisé M. Scoville.

Le cours du cacao a même atteint vendredi à Londres 2.275 livres, un plus haut en trois mois, tandis qu'il a grimpé le même jour à New York jusqu'à 3.148 dollars, un maximum en deux mois et demi.

Sur le Liffe de Londres, la tonne de ROBUSTA pour livraison en mai valait 1.462 dollars vendredi à 15H00 GMT, contre 1.427 dollars le vendredi précédent à 13H40 GMT. Sur l'ICE Futures US de New York, la livre d'ARABICA pour livraison en mai valait 134,05 cents, contre 123,85 cents sept jours auparavant.

A Londres, la tonne de SUCRE BLANC pour livraison en mai valait 452 dollars, contre 433,50 dollars le vendredi précédent. A New York, la livre de SUCRE BRUT pour livraison en mai valait 16,05 cents, contre 15,22 cents sept jours auparavant.

A Londres, la tonne de CACAO pour livraison en mai valait 2.261 livres sterling, contre 2.250 livres sterling le vendredi précédent. A New York, la tonne pour livraison en mai valait 3.131 dollars, contre 3.071 dollars sept jours plus tôt.

afp/rp