Ryad (awp/afp) - L'Arabie saoudite a annoncé mercredi qu'elle prévoyait un déficit public de 2% du Produit intérieur brut (PIB) en 2023 et de 1,9% l'année prochaine, reflétant la hausse des dépenses et la baisse des recettes pétrolières.

Le royaume du Golfe, premier exportateur mondial de brut, avait dégagé l'année dernière son premier excédent budgétaire en près de dix ans, dopé par la flambée des prix du brut dans le sillage de l'invasion russe de l'Ukraine.

Les autorités tablent désormais sur un déficit de 82 milliards de riyals saoudiens (environ 21,8 milliards de dollars) en 2023, et 79 milliards de riyals saoudiens (environ 21 milliards de dollars) l'année suivante.

"Les forces et la résilience de l'économie du royaume lui permettent de tourner à son avantage les risques et les défis économiques", a affirmé le ministère des Finances dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, après l'approbation du budget de l'Etat par le roi Salmane.

La croissance du PIB devrait atteindre 4,4% en 2024, après seulement 0,03% cette année, selon les chiffres du ministère des Finances.

Ces prévisions s'alignent sur les projections publiées en octobre, selon lesquelles les déficits dureraient jusqu'en 2026.

Moins de production de pétrole

L'Arabie saoudite a indiqué la semaine dernière qu'elle continuerait de réduire sa production de pétrole d'un million de barils par jour jusqu'en mars 2024. Pour éviter une baisse des prix de l'or noir, elle laisse sous terre 1 million de barils par jour depuis juillet.

Avec la série de coupes annoncées depuis octobre 2022 pour réduire l'offre sur le marché, la production saoudienne s'élève à environ neuf millions de barils par jour (bpj), bien en deçà de sa capacité déclarée de 12 millions de bpj.

Dans ce contexte, le géant pétrolier saoudien Aramco a vu ses bénéfices baisser de 23% au troisième trimestre en rythme annuel. La compagnie est détenue à 90% par l'Etat, qui compte sur ses revenus pour financer un vaste programme de réformes, intitulé "Vision 2030".

Ces réformes économiques et sociales, portées par le prince héritier, Mohammed ben Salmane, visent à transformer le royaume ultra-conservateur en un centre d'affaires, de tourisme et de sport.

Dans un entretien mercredi avec des journalistes, le ministre saoudien des Finances, Mohammed al-Jadaan, a affirmé que son pays se basait sur des estimations "très prudentes" des recettes pétrolières, en imputant les déficits à la hausse des dépenses plutôt qu'à la fluctuation des cours du brut.

"Nous avons décidé de dépenser plus et de creuser le déficit en toute connaissance de cause", en considérant que des déficits jusqu'à 3% sont "tout à fait acceptables (...) si l'argent est correctement dépensé", a déclaré M. Jadaan.

Cette logique est soutenue, selon lui, par des prévisions de croissance du PIB hors hydrocarbures d'environ 6% en 2023 et 2024.

Le ministre n'a pas exclu un dérapage des dépenses, mais "si cela devait arriver, ce serait de l'ordre de 4 ou 5%", a-t-il ajouté.

L'augmentation des dépenses vise à permettre au gouvernement de "continuer à développer le niveau des services publics fournis aux citoyens, aux habitants et aux visiteurs", a affirmé pour sa part le prince héritier et dirigeant de facto du royaume, Mohammed ben Salmane, cité par l'agence de presse officielle.

afp/rp