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par Susan Cornwell, Patricia Zengerle et Doina Chiacu

WASHINGTON, 11 janvier (Reuters) - Les démocrates de la Chambre des représentants aux Etats-Unis ont engagé lundi plusieurs procédures visant à obtenir le départ anticipé de Donald Trump de la Maison blanche, cinq jours après l'assaut lancé par ses partisans contre le Capitole à Washington, et neuf jours avant l'investiture de son successeur Joe Biden.

Majoritaires à la chambre basse du Congrès, les démocrates ont déposé un article de mise en accusation du président pour "incitation à l'insurrection" dans le cadre d'une procédure de destitution. Son adoption par les élus ferait de Donald Trump le seul président de l'histoire des Etats-Unis confronté à deux procédures d'"impeachment".

Les démocrates ont également demandé au vice-président Mike Pence d'invoquer le 25e amendement de la Constitution des Etats-Unis, qui permet à l'exécutif de révoquer un président jugé inapte à exercer ses fonctions, mais les élus républicains ont bloqué provisoirement son examen par un vote oral.

La présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, a donné 24 heures à Mike Pence pour répondre à cette requête lorsqu'elle aura été votée. L'examen et le vote de la résolution sont désormais attendus mardi.

Pour l'heure, ni Mike Pence ni d'autres républicains ne semblent enclins à recourir au 25e amendement.

En cas de rejet de leur requête par Mike Pence, a averti Nancy Pelosi, les démocrates lanceront la procédure de destitution.

"La menace que représente ce président pour l'Amérique est urgente, notre action le sera également", a dit la présidente de la Chambre dans un communiqué.

Le chef du groupe démocrate à la Chambre des représentants, Steny Hoyer, a déclaré que le vote sur la procédure de destitution pourrait avoir lieu dès mercredi. Selon le site Politico, au moins 218 démocrates soutiennent la résolution sur l'impeachment, ce qui suffit à son adoption.

"TERRORISME INTÉRIEUR"

Depuis les scènes de chaos dans la capitale fédérale , au moins 25 procédures ont été ouvertes pour des faits de "terrorisme intérieur" pour l'assaut sur le Capitole, selon un haut représentant de l'armée dont les propos ont été rapportés dimanche par un élu démocrate.

Cinq personnes, dont un agent de la police du Capitole qui tentait de repousser des émeutiers, ont trouvé la mort dans les incidents.

Le FBI a indiqué dimanche soir avoir reçu plus de 40.000 réponses, parmi lesquels des vidéos et des photos, à un appel à témoins.

Donald Trump, qui a dénoncé sans preuve une vaste fraude au profit de Joe Biden lors de l'élection présidentielle du 3 novembre, a encouragé ses partisans, qui s'étaient rassemblés mercredi à Washington dans le but de contester la certification par le Congrès de la victoire de son rival, à marcher en direction du Capitole.

Le lendemain, le président sortant a condamné les violences dans une vidéo mais n'est plus apparu en public. Il a annoncé par la suite qu'il n'assisterait pas à l'investiture de Joe Biden le 20 janvier.

Twitter et Facebook ont désactivé ses comptes, décision justifiée par le risque d'incitations à la violence.

Certains démocrates ont exprimé leurs inquiétudes grandissantes à l'égard du comportement de Donald Trump. Nancy Pelosi a dit vendredi avoir passé en revue avec le chef d'état-major de l'armée les mesures envisageables pour empêcher Donald Trump de recourir à l'arme nucléaire.

DES RÉPUBLICAINS FAVORABLES À L'"IMPEACHMENT"

L'hypothèse de l'"impeachment" a quelques soutiens dans les rangs du Parti républicain. Le sénateur Pat Toomey, un conservateur qui soutenait Donald Trump jusqu'à récemment, a déclaré dimanche à la chaîne NBC qu'une démission "dès que possible" de Donald Trump était la meilleure solution pour le pays.

Vendredi, la sénatrice Lisa Murkowski a été la première républicaine à déclarer publiquement que Donald Trump devait immédiatement démissionner.

Donald Trump, qui veut mettre en avant ce qu'il considère comme les réussites de son mandat, a prévu de se rendre mardi dans une ville du Texas frontalière du Mexique. La lutte contre l'immigration et la construction d'un mur à la frontière sud des Etats-Unis figuraient parmi les axes principaux de sa campagne en 2016 et de sa présidence.

Joe Biden, qui a dit tenir Donald Trump pour responsable des incidents au Capitole, n'a pas pris position sur la procédure de destitution, indiquant vouloir laisser le Congrès gérer cette question pour se consacrer à la lutte contre le coronavirus et à la relance économique.

Donald Trump a déjà été visé par une procédure de destitution, lancée par les démocrates en décembre 2019 , en lien avec les pressions exercées sur l'Ukraine pour qu'elle ouvre une enquête sur Hunter Biden, le fils de Joe Biden, et sur celui qui était alors considéré comme son probable grand rival pour l'élection présidentielle. Donald Trump a été acquitté en février dernier par le Sénat, où ses soutiens républicains étaient alors majoritaires. (avec Linda So, Daphne Psaledakis, Steve Holland, Nandita Bose, Andrea Shalal et David Shepardson; version française Jean Terzian et Jean-Stéphane Brosse)