par Susan Cornwell et Makini Brice

WASHINGTON, 12 février (Reuters) - La défense de Donald Trump a commencé vendredi à plaider pour l'acquittement de l'ancien président américain, poursuivi pour incitation à l'insurrection après l'assaut du 6 janvier contre le Capitole, au quatrième jour de son procès en destitution devant le Sénat qui pourrait s'achever dès ce week-end.

David Schoen, avocat de Donald Trump, a déclaré que l'équipe de défense de l'ancien président présenterait ses arguments pendant "trois à quatre heures", sans entrer dans les détails.

Selon ses avocats, le discours incendiaire prononcé par Donald Trump avant l'envahissement du siège du Congrès par des centaines de ses partisans, qui a coûté la vie à cinq personnes, était protégé par le premier amendement de la Constitution américaine garantissant la liberté d'expression.

"Ce procès en destitution devant le Sénat est inéquitable et c'est un acte anticonstitutionnel de vengeance politique", a déclaré l'avocat Michael van der Veen, ajoutant qu'il s'agissait d'une "chasse aux sorcières motivée par des raisons politiques" lancée par les démocrates.

Après une première journée de débat sur la constitutionnalité de la procédure, les procureurs ont réclamé pendant deux jours, mercredi et jeudi, la destitution de Donald Trump en estimant, vidéos à l'appui, que l'ancien président savait ce qui se produirait lorsqu'il a exhorté ses partisans à marcher sur le Capitole et à "se battre comme des diables" pour empêcher la certification de la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle du 3 novembre, après avoir pendant des semaines dénoncé sans preuves une vaste fraude.

"S'il revient au pouvoir et que cela se produit à nouveau, nous ne pourrons que nous en prendre à nous-mêmes", a déclaré l'avocat et représentant démocrate Jamie Raskin, qui supervise l'équipe des procureurs.

La Chambre des représentants à majorité démocrate a voté le 13 janvier dernier la mise en accusation de Donald Trump pour incitation à l'insurrection mais il paraît peu probable que la majorité de 67 voix nécessaire à la condamnation de l'ancien président à l'issue du procès devant la chambre haute, où démocrates et républicains se partagent les 100 sièges à stricte égalité, soit atteinte. Six élus républicains seulement ont joint leurs voix mardi à celles des démocrates pour confirmer le caractère constitutionnel de la procédure en destitution alors qu'il en faudrait 17 pour atteindre la majorité qualifiée.

Ni les procureurs ni la défense n'ont signalé leur intention de convoquer des témoins, ce qui pourrait augurer d'un vote final dès samedi.

Donald Trump est le premier président de l'histoire des Etats-Unis à avoir eu à affronter deux procédures d'"impeachment" pendant son mandat.

Le premier procès en destitution, déclenché par sa volonté présumée de faire pression sur l'Ukraine pour nuire à Joe Biden, alors son probable rival pour l'élection présidentielle, s'est achevé il y a un an par son acquittement par le Sénat à majorité républicaine. (Susan Cornwell et Makini Brice; avec Karen Freifeld, David Morgan et Richard Cowan; version française Jean-Stéphane Brosse et Camille Raynaud)