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WASHINGTON, 8 novembre (Reuters) - Au terme d'une campagne tendue, menée sur fond de crise sanitaire du coronavirus, et après quatre jours d'incertitude depuis la fermeture des bureaux de vote, l'élection présidentielle américaine a basculé samedi en faveur de Joe Biden.

Le candidat démocrate a été crédité d'une victoire en Pennsylvanie, un Etat "bascule", dont les 20 grands électeurs lui permettent de dépasser la majorité de 270 voix au Collège électoral nécessaire pour être élu.

A l'annonce de ces projections par les principales chaînes de télévision américaines, Donald Trump a cependant déclaré que "cette élection est loin d'être terminée", et des conseillers du président républicain sortant ont laissé entendre qu'il n'était pas prêt à concéder de si tôt la défaite.

Donald Trump s'en tient à la ligne qu'il a adoptée ces dernières semaines en dénonçant une fraude. Dans la nuit ayant suivi la fermeture des bureaux de vote mardi soir, il a déclaré de manière prématurée et erronée avoir remporté le scrutin.

Une possible bataille juridique se dessine entre les deux camps, l'équipe de campagne Trump ayant engagé des procédures devant les tribunaux dans plusieurs Etats dans le but d'obtenir de nouveaux décomptes ou/et faire exclure des bulletins qu'elle juge trop tardifs et illégaux.

Plus de 100 millions d'électeurs avaient opté cette année pour un vote par anticipation, soit par voie postale soit en personne dans des bureaux ouverts à l'avance, selon les données de l'organisme US Elections Project basé à l'université de Floride. Cela représentait 72,3% de l'ensemble de la participation de 2016 et environ 40% du corps électoral.

Retour sur les grandes étapes de la campagne, et les étapes à venir de la transition.

MARDI 29 SEPTEMBRE

CLEVELAND, Ohio - Le président républicain Donald Trump et son rival démocrate Joe Biden se retrouvent pour un premier débat qui tourne rapidement à la cacophonie, le locataire de la Maison blanche interrompant régulièrement l'ancien vice-président en dépit des rappels à l'ordre du modérateur.

Si plusieurs thèmes sont comme prévu abordés au cours des 90 minutes, il est difficile pour l'un comme pour l'autre d'avancer ses arguments, et les attaques personnelles fusent.

"Si j'ai les voix, tout sera fini, il s'en ira", déclare Joe Biden en réponse aux critiques de Donald Trump sur le vote par voie postale selon lui propice à la fraude et justifiant qu'il mette en doute la légitimité du scrutin.

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ANALYSE Un premier débat chargé d'animosité, pas forcément payant pour Trump

MERCREDI 7 OCTOBRE

SALT LAKE CITY, Utah - Deux jours après le retour de Donald Trump à la Maison blanche à la suite de son hospitalisation pour recevoir un traitement contre le COVID-19, le vice-président Mike Pence et la sénatrice démocrate Kamala Harris débattent à leur tour à la télévision, et s'opposent sur la gestion par l'administration de la crise sanitaire.

Alors que la colistière de Joe Biden décrit "le plus grand échec" de l'histoire de la présidence américaine, Mike Pence, à la tête du groupe de travail de la Maison blanche sur le coronavirus, défend l'action de l'administration républicaine et assure que la santé des Américains est une priorité de longue date de Donald Trump.

Entre les deux rivaux, séparés de plusieurs mètres et de vitres en plexiglas par précaution sanitaire, le ton est plus cordial que lors du débat Trump-Biden, ce qui ne les empêche pas de se montrer offensifs.

JEUDI 15 OCTOBRE

C'est à cette date que devait théoriquement avoir lieu le deuxième des trois débats entre Donald Trump et Joe Biden, à Miami (Floride), sous forme de questions-réponses avec des électeurs.

Mais après que le président républicain a exclu de participer à un débat virtuel avec son rival démocrate , comme le préconisait la Commission pour les débats présidentiels, celle-ci a annoncé vendredi 9 octobre l'annulation de l'événement.

JEUDI 22 OCTOBRE

NASHVILLE, Tennessee - Alors que le temps presse pour tenter de convaincre les derniers indécis, à douze jours du scrutin, Donald Trump et Joe Biden se retrouvent pour un second et ultime débat télévisé lors duquel la crise sanitaire du coronavirus est de nouveau au coeur des échanges.

Le candidat démocrate s'en prend à la gestion du président républicain, qui promet un vaccin sous peu et rejette l'intérêt de mesures de confinement selon lui trop dommageables pour l'économie.

Plus ordonné que leur première confrontation, ce débat donne tout de même lieu à des attaques personnelles et des accusations mutuelles de liens financiers inadéquats avec des pays étrangers.

LUNDI 2 NOVEMBRE

Dernier jour de campagne.

Donald Trump, donné en retrait dans les intentions de vote à l'échelle nationale, multiplie les attaques sans preuve contre le vote par correspondance, laissant entendre qu'il enverra ses avocats dans les Etats qui continueraient de dépouiller les bulletins après l'"Election Day".

Le président sortant conteste notamment le projet de la Pennsylvanie, validé par la Cour suprême, de prendre en compte les bulletins arrivés par voie postale jusqu'à trois jours après la fermeture des bureaux de vote dans cet Etat présenté comme décisif.

"De mauvaises choses vont arriver, et de mauvaises choses mènent à plein d'autres choses", a-t-il dit.

Joe Biden a pour sa part prédit une victoire rapide, tout en cherchant à dédramatiser. "J'espère une élection claire, pacifique, une importante participation", a dit le candidat démocrate.

MARDI 3 NOVEMBRE

Election présidentielle.

Avec le recours massif au vote par correspondance en ces temps de crise sanitaire, nécessitant plusieurs jours pour comptabiliser les bulletins de vote envoyés au cours de cet "Election Day", cachet de la poste faisant foi, le vainqueur du scrutin n'est pas connu dans les heures suivant la clôture des bureaux de vote.

Un long suspense commence sur fond de nouvelles accusations de fraude lancées par Trump et d'appels au calme et à la patience du côté de Biden.

SAMEDI 7 NOVEMBRE

Quatre jours après le scrutin, l'issue de celui-ci se dessine clairement: Joe Biden est crédité d'une victoire en Pennsylvanie et est assuré de disposer du nombre nécessaire de grands électeurs pour être nommé président, sans même attendre la fin du dépouillement dans l'Arizona ou en Caroline du Nord.

L'ancien vice-président et les démocrates n'auront toutefois pas obtenu le raz-de-marée qu'ils espéraient, un symbole de la cote de popularité toujours élevée dont dispose Donald Trump après quatre années tumultueuses à la Maison blanche.

Mais le président sortant n'abdique pas, assure dans la foulée de l'annonce des médias américains que "l'élection n'est pas terminée", laissant entrevoir une bataille devant les tribunaux et alimentant les tensions dans un pays profondément polarisé.

LUNDI 14 DÉCEMBRE

Les 538 grands électeurs du Collège électoral désignés Etat par Etat vont devoir voter pour élire le président.

L'ensemble des recours portés devant les tribunaux par l'équipe Trump devra avoir été réglé avant cette date.

MERCREDI 6 JANVIER 2021

Le Congrès américain se réunit pour compter les votes et déclarer le vainqueur de l'élection.

MERCREDI 20 JANVIER

Inauguration Day.

Joe Biden devient formellement le 46e président des Etats-Unis. (Joseph Ax; version française Camille Raynaud, Henri-Pierre André et Jean Terzian)