"Nous assistons à un achat de risque généralisé, qui est notamment alimenté par la révision à la hausse de la croissance aux Etats-Unis et dans certaines économies européennes. A cela s'ajoute la perception que certains problèmes de 2010, telles que la crise de la zone euro ou les conséquences éventuellement inquiétantes du programme américain QE21, s'atténuent (en partie grâce à une croissance plus forte qu'attendue)", note Vincent Treulet, responsable de la stratégie d'investissement chez BNPP AM.

"Même si le premier mois de l'année a été favorable à l'allocation que nous recommandions, nous pensons qu'il est trop tôt pour devenir plus conservateur. Les facteurs qui tirent les actifs risqués, et notamment les actions, devraient rester en place : une croissance qui se consolide (au moins à court terme), une bonne orientation des profits des entreprises, une liquidité encore largement abondante, une sous-exposition des investisseurs institutionnels..."

"De plus, la hausse récente est loin d'avoir encore amené les actions dans une zone de surévaluation. Nous persistons toutefois à penser que l'achat de risque doit rester tactique, car l'environnement porteur que nous connaissons aujourd'hui conserve un aspect artificiel et risque de ne pas être pérenne : il repose sur des déficits publics qui devront être réduits, et des politiques monétaires toujours très expansionnistes. Il est ainsi raisonnable de penser que l'optimisme sur la croissance retombera plus tard dans l'année."

"Un phénomène nouveau des derniers mois est la sous-performance des actions émergentes par rapport aux marchés américains ou européens. Est-ce un renversement de tendance durable ? Nous ne le pensons pas. Il s'agirait plutôt d'un ajustement temporaire, alors que les bourses émergentes sont encore pénalisées par le problème de l'inflation et les durcissements de politique monétaire."

"Cependant la croissance nous apparaît solide, et la politique monétaire ne conditionne pas à elle seule l'orientation du marché. De plus, nous estimons que les taux d'inflation dans certains pays emblématiques (et surtout la Chine) devraient se stabiliser d'ici à quelques mois : ils sont surtout tirés par les prix alimentaires mais ne reflètent pas une diffusion de l'inflation à l'ensemble de l'économie. Ainsi le sentiment devrait progressivement s'améliorer au cours de l'année."

"Nous sommes pour le moment positionnés à peu près au même niveau sur les actions développées et émergentes, mais pensons que ces dernières devraient renouer avec la surperformance d'ici quelques mois. Deux facteurs considérables plaident notamment en ce sens : une valorisation relative raisonnable (avec une légère décote sur la base des multiples prospectifs), et une sous-exposition encore marquée des investisseurs occidentaux aux marchés émergents par rapport à leurs benchmarks stratégiques."

"Certaines matières premières dépassent des sommets ou renouent avec leurs plus hauts. Que faire sur ce segment ? Nous maintenons le cap adopté fin 2010, en préconisant d'être investis sur le pétrole et les métaux de base. Ces matières premières cycliques devraient rester portées par la croissance mondiale et sont bien corrélées avec l'appétit pour le risque. Néanmoins, la hausse la plus récente étant due en partie à de la spéculation (avec des positions spéculatives nettes aujourd'hui très acheteuses) et à des facteurs politiques au Moyen-Orient, nous sommes moins acheteurs que précédemment."

"Nous restons par contre à l'écart de l'or, dont le mouvement de consolidation de janvier n'apparaît pas terminé, et prudent sur les matières premières agricoles. Malgré la flambée des derniers mois, nous ne pensons pas que ces dernières retombent immédiatement, mais le risque d'une correction baissière avant la fin du premier semestre nous semble s'être singulièrement accru."