CATANE, Italie, 3 octobre (Reuters) - Un magistrat sicilien a demandé samedi au président du Conseil Giuseppe Conte de venir témoigner au tribunal avant de décider s'il convient de traduire en justice le dirigeant d'extrême-droite italien Matteo Salvini pour détention illégale de migrants en mer, un crime passible de 15 ans de prison.

L'affaire remonte à juillet 2019 lorsque Matteo Salvini, alors ministre de l'Intérieur du gouvernement dirigé par Giuseppe Conte, avait refusé pendant six jours de laisser débarquer une centaine de migrants recueillis par les gardes-côtes italiens, en attendant que les autres pays de l'Union européenne s'entendent sur leur accueil.

Le dirigeant de la Ligue, dont l'immunité parlementaire a été levée en juillet dans cette affaire, a fait de ces poursuites judiciaires une tribune politique, et il avait appelé ses partisans à se rassembler à Catane pour le soutenir.

"J'avance la tête haute, avec confiance, convaincu d'avoir toujours agi pour la défense de notre territoire et la sécurité des Italiens", a écrit Matteo Salvini sur son compte Twitter à son arrivée au tribunal.

L'ancien ministre de l'Intérieur assure que l'ensemble du gouvernement de coalition formé à l'époque par la Ligue avec le mouvement populiste Cinq-Etoiles soutenait sa politique visant à bloquer l'arrivée sur le territoire italien de migrants en provenance d'Afrique du Nord.

Lors de l'audience qui s'est tenue à huis clos, le procureur a estimé qu'il ne disposait pas de suffisamment d'éléments pour poursuivre Matteo Salvini et a invité le juge Nuzio Sarpietro à prononcer un non lieu.

Mais le magistrat a préféré prolonger les investigations et a convoqué le 20 novembre Giuseppe Conte, mais aussi l'ancien ministre des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, et l'ancien ministre des Transports, Danilo Toninelli.

Une autre audience a d'ores et déjà été fixée le 4 décembre pour entendre l'actuelle ministre de l'Intérieur, Luciana Lamorgese, ainsi que d'autres responsables.

Matteo Salvini s'est réjoui de la convocation de ses anciens partenaires gouvernementaux.

"Je suis très satisfait d'avoir entendu le juge dire que je n'étais pas le seul responsable de ce qui a été fait", a-t-il déclaré à la presse en sortant du tribunal.

(Crispian Balmer, version française Tangi Salaün)