Paris (awp/afp) - Bonne nouvelle pour l'économie française, la fréquentation touristique a continué de se redresser en début d'année et les professionnels retrouvent le moral grâce au retour des visiteurs étrangers, après une année 2016 catastrophique, minée par les attentats.

L'institut national des statistiques (Insee) a fait état vendredi d'une progression de 1,1% du nombre de nuitées enregistrées de janvier à mars dans les hôtels, campings et autres hébergements touristiques, après un rebond de 3,8% déjà constaté d'octobre à décembre.

Au total 61 millions de nuitées ont été enregistrées au premier trimestre, avec une hausse plus marquée pour la clientèle étrangère (+2,7%) que pour la clientèle française (+0,5%).

La fréquentation hôtelière atteint "un niveau inédit pour un premier trimestre", relève l'Insee.

L'amélioration se fait sentir tout particulièrement dans les hôtels de l'agglomération parisienne (+9,9%), notamment grâce aux visiteurs étrangers.

- Perspectives positives -

"Le moral est en train de revenir chez les professionnels. Très clairement tous les chiffres sont à nouveau positifs", a déclaré à l'AFP Frédéric Valletoux, président du Comité régional du tourisme (CRT) Paris Ile-de-France.

Et les perspectives sont favorables. "La moitié des hôteliers nous disent que l'état des réservations pour le mois de mai est bon ou très bon", souligne-t-il.

"Le premier trimestre 2017 se termine sur un bilan positif, au même niveau que 2015 qui était une bonne année", constate aussi Roland Héguy, président confédéral de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih). Pour lui, "une dynamique positive est enclenchée" même si "cette reprise parait encore très fragile".

D'après l'Insee, la hausse "profite essentiellement aux hôtels haut de gamme (4 ou 5 étoiles)", ceux qui avaient justement le plus souffert des conséquences des attentats de novembre 2015 à Paris et de juillet 2016 à Nice.

"Les chiffres remontent et c'est assez encourageant pour le premier semestre", confirme François Delahaye, directeur général du palace parisien Plaza Athénée. "Mais on n'est toujours pas repartis au niveau où nous étions les années précédentes".

Selon lui, "il y a encore une crainte" des clients, "à cause de la succession des attaques terroristes sur le territoire français", notamment chez les Japonais et les Chinois.

- Vivre avec le risque -

Pourtant, comme près des trois quarts des professionnels interrogés par le CRT Paris Ile-de-France, il constate que l'assassinat d'un policier sur les Champs-Elysées le 20 avril n'a entraîné "aucune annulation" de réservation. "Les gens commencent à vivre avec ce risque", note-t-il.

Même son de cloche à Nice. "Ça va mieux", constate Denis Cippolini, président de l'Umih des Alpes Maritimes, qui observe un bond de 15% de la clientèle scandinave et le grand retour des Russes (+10%).

"En février, on a vraiment commencé à enregistrer du chiffre", témoigne Sandra Engel, directrice marketing du Grand-Hôtel du Cap-Ferrat, un 5 étoiles niché dans un cadre idyllique en bord de mer, qui reçoit beaucoup d'Américains. "Tel que ça se présente on est optimiste", ajoute-t-elle.

Au pied de l'hôtel Méridien qui fait face à la Promenade des Anglais, Sylvie Palais, qui tient le kiosque à journaux depuis une dizaine d'années, voit à nouveau défiler "beaucoup de monde depuis Pâques, plus qu'en 2016 et peut-être plus qu'en 2015". Elle remarque "beaucoup plus d'Asiatiques" qui prennent d'assaut son tourniquet à cartes postales, magnets et autres souvenirs.

Sur la plus célèbre avenue de Nice, Angela Martin, une Britannique de 40 ans, profitait vendredi de sa dernière demi-heure de soleil après un petit séjour de trois nuits, motivé "par la météo et un vol low cost très bon marché".

"On a regardé la mer, marché, beaucoup bu et mangé, et fait un peu de lèche-vitrine. Je me sens plus en sécurité, pour être tout à fait honnête, parce qu'il y a déjà eu un attentat ici", dit-elle.

afp/rp