(Actualisé après dépouillement de 83% des bulletins)

LIMA, 11 avril (Reuters) - Keiko Fujimori, dont le nom suscite autant la défiance que l'admiration au Pérou, est arrivée en tête dimanche du premier tour de l'élection présidentielle et sera opposée au second tour à Pedro Pablo Kuczynski, le candidat des milieux d'affaires.

Après dépouillement de 83% des bulletins de vote, la fille de l'ancien président Alberto Fujimori, emprisonné pour violation des droits de l'homme et corruption, a remporté près de 40% des suffrages, indique l'Office des opérations électorales (ONPE).

Le septuagénaire Pedro Pablo Kuczynski, ex-Premier ministre et ancien économiste de la Banque mondiale, obtient un peu plus de 22% des suffrages.

La candidate de gauche Veronika Mendoza, 35 ans, est troisième avec un peu plus de 18% des voix.

Malgré son avance, la tâche de Keiko Fujimori s'annonce délicate en vue du second tour de la présidentielle, prévu le 5 juin.

Elle devra notamment parvenir à se dissocier de son père, à qui la justice péruvienne a reproché la violente répression menée contre le Sentier lumineux, quasiment démantelé dans les années 1990 au terme d'une campagne d'une dizaine d'années qui a fait 69.000 morts.

Des centaines d'insurgés contrôlent toujours des territoires dans la zone de production de coca située dans la jungle et au moins six personnes ont été tuées samedi matin dans une attaque attribuée par les autorités aux rebelles maoïstes.

Selon un sondage Ipsos réalisé avant le premier tour, Pedro Pablo Kuczynski aurait sept points d'avance sur Keiko Fujimori en vue du second tour et 51% des Péruviens sont absolument certains de ne pas voter pour la candidate de centre-droit.

La présence de l'ancien économiste de la Banque mondiale au second tour a d'ores et déjà rassuré les milieux d'affaires, qui redoutaient une confrontation entre Keiko Fujimori et Veronika Mendoza, très critique envers le puissant secteur minier. La monnaie péruvienne, le sol, a gagné 2,67% lundi, sa plus forte hausse quotidienne depuis 1992. (Bureau de Lima; Danielle Rouquié et Pierre Sérisier pour le service français, édité par Tangi Salaün)