(Actualisé avec précisions, contexte)

par Rosalba O'Brien et Kiyoshi Takenaka

LIMA, 20 novembre (Reuters) - Le président chinois Xi Jinping s'est engagé samedi à poursuivre l'ouverture économique de son pays alors que les dirigeants des pays de la zone Asie-Pacifique craignent un protectionnisme accru aux Etats-Unis sous la présidence de Donald Trump.

Tous les regards sont tournés vers la Chine pour le sommet de l'Apec (Coopération économique Asie-Pacifique) qui se tient cette année à Lima au Pérou, quelques jours après la victoire du candidat républicain qui remet en cause le projet de Partenariat transpacifique (TPP), l'accord de libre-échange le plus ambitieux jamais proposé par Washington.

Barack Obama voyait dans le TPP un moyen de contrer la montée en puissance de la Chine mais son administration a désormais renoncé à obtenir le feu vert du Congrès à majorité républicaine pour sa ratification. Signé par 12 pays d'Amérique et d'Asie dont les Etats-Unis et le Japon mais pas par la Chine, le TPP n'a encore été ratifié par aucune des parties.

Donald Trump a fait campagne contre le TPP et contre l'Aléna (Accord de libre-échange nord américain) qu'il considère mauvais pour l'emploi aux Etats-Unis. Le futur président a dit qu'il se retirerait du TPP et a menacé d'imposer des droits de douane aux importations en provenance de Chine et du Mexique.

Après s'être entretenu avec le président sortant américain Barack Obama, le président chinois Xi Jinping a évoqué un "moment charnière" entre la Chine et les Etats-Unis et souhaité une "transition en douceur" dans les relations entre Pékin et Washington. et

Face à la tentation protectionniste américaine, Xi Jinping tente de promouvoir un projet alternatif, l'Accord de partenariat économique régional intégral (RCEP), accord de libre-échange entre les dix états membres de l'Asean et six autres Etats, dont la Chine et le Japon.

"La Chine ne va pas fermer la porte au reste du monde mais au contraire s'ouvrir davantage", a déclaré le président chinois qui était accompagné d'une très importante délégation chinoise. "Nous allons nous assurer que les fruits du développement soient partagés".

L'administration Obama a exprimé des réticences envers le RCEP, estimant qu'il ne protégeait pas aussi bien que le TPP les droits des salariés, l'environnement ou la propriété intellectuelle.

ACCEPTABLE POUR TRUMP

A Lima, où il poursuit après l'Europe son dernier voyage à l'étranger en tant que président, Barack Obama a indiqué que les Etats-Unis travaillaient sur des dispositions relatives à l'emploi dans un accord de libre-échange entre le Pérou et les Etats-Unis qui devraient déboucher sur une hausse des salaires et des conditions de travail pour les Péruviens.

"C'est le genre d'attitude que nous voulons essayer de promouvoir (...) pour les années à venir. J'espère que cette politique continuera", a déclaré le président américain.

Les dirigeants des pays parties au TPP ont profité de l'Apec pour organiser une réunion, lors de laquelle le président démocrate les a appelés à travailler de concert pour faire avancer le projet, a fait savoir la Maison blanche.

Cette réunion a permis de confirmer l'importance stratégique de l'accord, a déclaré à la presse le secrétaire général adjoint du gouvernement japonais, Kotaro Nogami, après la réunion.

Mais le sort du TPP étant incertain, les discussions autour du RCEP semblent aujourd'hui les plus susceptibles de déboucher sur la création de la grande zone de libre-échange de l'Asie-Pacifique (FTAAP) à laquelle aspirent les membres de l'Apec.

"C'est un accord plus traditionnel, qui réduit les droits de douane sur les biens et les services. Il ne va pas aussi loin que le TPP", a déclaré le Premier ministre australien Malcolm Turnbull à propos du RCEP. "Mais plus nous avons accès à plus de marchés pour nos exportations, mieux c'est."

Le Premier ministre néo-zélandais, John Key, a déclaré que les membres du TPP pourraient peut-être incorporer "des changements cosmétiques" pour rendre l'accord acceptable pour Donald Trump.

"Le Partenariat Trump Pacifique par exemple, ce serait bien", a-t-il dit en riant.

Certains pays veulent croire encore au TPP. Le Pérou et le Japon se sont engagés dans un communiqué à travailler à sa mise en oeuvre. Le ministre mexicain de l'Economie, Ildefonso Guajardo, a déclaré que son pays, le Japon, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie et Singapour entendaient bien appliquer l'accord, avec ou sans les Etats-Unis.

"Barack Obama n'était pas un partisan du TPP lors de son élection", a fait valoir le Premier ministre Australien. "Et il quitte ses fonctions comme l'un de ses plus grands défenseurs." (Avec Mitra Taj, Caroline Stauffer et Jeff Mason à Lima et Jane Wardell à Sydney; Tangi Salaün et Danielle Rouquié pour le service français)