Sortis gagnants de la crise financière, les pays émergents font l'objet d'une attention de la part des investisseurs tout à fait méritée. Nul doute que la part des actifs financiers émis par des acteurs de cet ensemble vaste mais hétérogène va se renforcer structurellement dans les allocations des portefeuilles. Pourtant la question de savoir comment tirer parti tactiquement de l'embellie des économies de ces pays reste ouverte.

Investir directement dans les marchés financiers émergents s'est maintes fois révélé délicat en raison de l'étroitesse relative des marchés et de leurs volatilités, des questions légales et de l'accès à une information de qualité. Il n'est pas surprenant de voir de plus en plus de géants émergents, comme Rusal récemment, rechercher une cotation sur les Bourses des pays développés. En outre, si le consensus les voit désormais tirer la croissance mondiale en 2010, n'y a-t-il pas une large diversité de situations entre les grands «pays-continent» et les autres plus petits pays, plus dépendants et plus fragiles ? La très nette surperformance des Bourses (+ 77 % pour le MSCI émergents en euro comparé à 32 % pour le DJ Euro Stoxx) l'année passée laisse des valorisations relativement moins attrayantes que certaines Bourses occidentales. Du côté obligataire, le rétrécissement des marges de taux des titres d'Etat a été spectaculaire. Y a-t-il encore beaucoup à gagner sur ce terrain, même si la qualité de crédit s'est indubitablement améliorée ?

Investir indirectement au travers d'entreprises occidentales qui investissent directement dans ces pays peut aussi être considéré. Une étude récente estimait que l'impact des activités dans les pays émergents au sein des plus grandes entreprises européennes pourrait représenter d'ici 5 ans un tiers des revenus, la moitié de la croissance bénéficiaire et une part de la valeur boursière d'environ un tiers. De même la dette des entreprises qui se développent dans ces pays, souvent par acquisition, peut présenter de nombreuses opportunités. Les placements indirects sont parfois négligés car ils sont une forme de mélange. L'important pour l'investissement n'est-il pas qu'il soit performant ?