par Emily Chasan et David Bailey

Le constructeur automobile américain, qui a déposé son bilan jeudi, a demandé au juge Arthur Gonzalez, chargé de son dossier, de convoquer une audience dès le 21 mai pour approuver une cession de l'essentiel de ses actifs pour deux milliards de dollars, opération qui préparerait le terrain à une fusion avec Fiat, selon des documents déposés au tribunal.

Le juge a repoussé à mardi 18h30 GMT l'audience qui procèdera à l'examen de cette demande.

Suivant le projet de fusion avec Fiat, l'industriel italien aurait dans un premier temps 20% du capital de la nouvelle entité Chrysler puis, rapidement, 35%. L'administrateur délégué de Fiat Sergio Marchionne serait sans doute aux commandes de cette nouvelle structure.

Chrysler a également demandé au tribunal des faillites de donner son aval à une indemnité de rupture de 35 millions de dollars en faveur de Fiat si l'opération de cession tournait court.

Le constructeur a fermé tous ses sites pour les besoins de sa réorganisation et plus Chrysler restera en situation de dépôt de bilan plus les dommages risquent d'être élevés pour les opérations qui survivent.

"En l'absence d'une cession rapide, approuvée dans les semaines qui viennent, la valeur des actifs du débiteur baissera rapidement et la capacité de parvenir à une vente en continuité d'exploitation (going concern) sera perdue", explique Chrysler dans des documents soutenant le principe de la vente à Fiat.

Chrysler a dévoilé une perte nette de 16,8 milliards de dollars en 2008 dans les documents remis à la justice, soit plus double des précédentes communications. Le constructeur projette une perte nette de 4,7 milliards de dollars en 2009 et ne compte pas renouer avec le bénéfice avant 2012.

MENACES DE MORT

La procédure de dépôt de bilan a été enclenchée faute d'accord avec certains créanciers de premier rang sur la restructuration de sa dette.

Chrysler doit 6,9 milliards de dollars aux créanciers de premier rang et quatre grandes banques, représentant 70% environ des créances, avait approuvé un plan prévoyant que les créanciers recevraient deux milliards de dollars en cash.

Mais un groupe de fonds d'investissement emmené par Oppenheimer Funds et Stairway Capital a exprimé son désaccord et a demandé au juge Gonzalez de bloquer le projet d'alliance avec Fiat et l'offre de l'Etat d'apporter des financements à Chrysler dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire.

Ces créanciers dissidents estiment que la vente à Fiat est "entièrement orchestrée par le Trésor et imposée aux créanciers".

Tom Lauria, avocat de White & Case qui représente un groupe de créanciers dissidents, a dit au tribunal que des membres du groupe avaient reçu des menaces de mort "qu'ils considèrent comme étant sérieuses". Les créanciers touchés par ces menaces en ont informé la police et le FBI, a ajouté l'avocat.

Chrysler a 30 usines aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique. Le plan de cession exclut plusieurs sites aux Etats-Unis.

Version française Marc Angrand et Wilfrid Exbrayat