Londres (awp/afp) - L'inflation au Royaume-Uni a encore ralenti en janvier, même si elle reste à plus de 10%, plombant la livre sterling et propulsant la Bourse de Londres au-dessus du seuil symbolique des 8.000 points, un record.

"Lorsque la livre dévisse, comme aujourd'hui, c'est souvent positif" pour le FTSE 100, principal indice de la Bourse de Londres, "car la vaste majorité des recettes des entreprises qui composent l'indice est générée hors du Royaume-Uni", a souligné Craig Erlam, interrogé par l'AFP.

Une livre plus basse magnifie mécaniquement les résultats générés hors du pays lorsqu'ils sont convertis et intégrés dans les résultats des multinationales britanniques.

La livre reculait de 1,4% à 1,2005 dollar vers 16H30 GMT, minée par le recul de l'inflation au Royaume-Uni.

Celle-ci a glissé à 10,1% en janvier contre 10,5% en décembre, grâce au repli des coûts du transport, notamment de l'essence, mais aussi de la baisse des tarifs dans les restaurants et les hôtels, entre autres.

La décrue de l'inflation, même si elle reste modérée, incite les investisseurs à réévaluer leurs attentes de relèvement des taux d'intérêt par la Banque d'Angleterre (BoE).

La banque centrale britannique a en effet expliqué qu'elle pourrait mettre fin plus rapidement que prévu à son cycle de resserrement monétaire si la hausse des prix montre plus de signes de tassement.

La fin peut-être en vue du tour de vis monétaire de la BoE promet des conditions d'investissement plus favorables au Royaume-Uni, ce qui soutenait le marché boursier mercredi.

"Lutte loin d'être finie"

Le Chancelier de l'Echiquier, Jeremy Hunt, a toutefois estimé que la lutte contre l'inflation, qui "étrangle la croissance et frappe les familles et les entreprises", est "loin d'être finie", promettant la poursuite du plan gouvernemental pour la diviser par deux cette année.

Après un pic à plus de 11% en octobre, "un nouveau repli dans l'inflation en janvier suggère que le courant a tourné", a commenté pour sa part Alpesh Paleja, chef économiste de la CBI, la principale organisation patronale britannique.

Il estime cependant que l'envolée des prix reste suffisamment forte pour que "les sonnettes d'alarme continuent de résonner à la Banque d'Angleterre" (BoE).

La BoE s'attend à ce que l'inflation tombe à moins de 5% d'ici à la fin de l'année, alors que son objectif est de 2%.

La croissance atone dans le pays, qui a tout juste évité la récession en 2022 mais semble s'y diriger cette année, est l'un des facteurs qui pourraient inciter la BoE à cesser son tour de vis monétaire, mais les tensions sur le marché du travail continuent de l'inquiéter.

Les grèves pour demander des meilleures rémunérations se multiplient dans le pays face à l'inflation à deux chiffres, particulièrement au regard d'un taux de chômage toujours extrêmement bas et de pénuries de travailleurs.

Michael Hewson, analyste de CMC Markets, fait aussi valoir que le "recul notable de l'indice des prix à la consommation en janvier et d'une livre sterling plus faible dope les valeurs du secteur de la consommation", en laissant espérer des conditions économiques plus détendues.

Et ce, malgré le plongeon de l'action de la banque Barclays mercredi, après des résultats trimestriels et annuels décevants et des perspectives de défauts sur prêts en hausse, conclut Michael Hewson.

afp/rp