Les neuf membres de son Comité de politique monétaire (MPC), présidé par le gouverneur Mark Carney, ont voté par sept voix contre deux le relèvement du taux d'intervention de 0,25% à 0,50%, une décision qui annule la baisse décidée en août 2016 en réaction au vote inattendu des Britanniques en faveur d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

La dernière hausse de taux de la BoE remontait à 2007, avant la crise financière mondiale, qui avait précipité l'économie britannique dans sa pire récession depuis des décennies.

La livre sterling a néanmoins cédé du terrain après ce tour de vis monétaire en raison de la prudence affichée par la BoE au sujet de sa trajectoire de taux. La Banque d'Angleterre n'a en outre pas répété le message contenu dans ses précédentes communications selon lequel les marchés sous-estiment l'ampleur des futurs relèvements de taux.

Mark Carney a déclaré que l'impact de cette hausse de taux sur l'économie britannique était assez incertain étant donné qu'il n'y en a plus eu depuis 10 ans. Il n'y a toutefois aucune raison que cet impact soit plus fort que d'habitude, a-t-il ajouté.

Le gouverneur de la Banque d'Angleterre a dit s'attendre à une intensification des pressions inflationnistes en Grande-Bretagne et jugé que, sans deux nouvelles hausses de taux dans les trois prochaines années - ce qu'anticipent les marchés - "l'inflation ne reviendra probablement pas vers l'objectif de 2%" de la BoE.

"(...) Les rendements actuels du marché, qui sont utilisés pour établir nos prévisions, incorporent deux nouvelles hausses de 25 points de base au cours des trois prochaines années", a dit le gouverneur de la Banque d'Angleterre. "Cette trajectoire en pente douce est cohérente avec une inflation qui se replierait l'année prochaine et approcherait l'objectif d'ici la fin de la période de prévision", soit un horizon de trois ans.

DILEMME

Ces indications donnent à penser que le taux directeur devrait se situer à 1% en 2020, avec probablement une hausse d'un quart de point l'année prochaine.

"Ce n'est pas tant où se situe l'inflation qui nous préoccupe que là où elle sera", a dit Mark Carney.

Il a ajouté que, même avec cette hausse de taux, la politique monétaire de la BoE continuait à être favorable à l'emploi et à l'activité.

L'inflation a atteint 3% en septembre, son plus haut niveau depuis cinq ans, principalement en raison de la dépréciation de la livre depuis le référendum de juin 2016, qui renchérit le coût des importations, et la BoE pense qu'elle aura atteint 3,2% le mois dernier.

Les deux membres du MPC qui ont voté contre ce relèvement de taux, les gouverneurs adjoints Jon Cunliffe et Dave Ramsden, partagent l'opinion largement répandue parmi les économistes selon laquelle la croissance des salaires, moteur essentiel de l'inflation, est pour l'instant trop faible pour justifier un resserrement de la politique monétaire.

La majorité de leurs collègues, y compris Mark Carney, ont au contraire jugé que le moment était venu d'agir. A leurs yeux, la faiblesse du taux de chômage, au plus bas depuis les années 1970, et l'accélération attendue de la productivité devraient provoquer une hausse des salaires.

"Le MPC juge désormais approprié de resserrer modestement la politique monétaire afin de ramener durablement l'inflation vers l'objectif", souligne la banque centrale dans un communiqué.

"Tous les membres s'accordent sur le fait que les hausses à venir du taux directeur se feront à un rythme graduel et de manière limitée", ajoute-t-elle.

Cette division au sein du MPC illustre le dilemme auquel est confrontée la BoE, entre croissance molle et inflation trop élevée.

La Banque d'Angleterre a toutefois abaissé son estimation du taux de croissance au-delà duquel est générée une inflation excessive. C'est cette réévaluation qui l'a poussée à agir.

Vers 13h30 GMT, la livre cédait 1% face au dollar et plus de 1% face à l'euro, tandis que le rendement des emprunts d'Etat britanniques à dix ans s'inscrivait en net recul, sous 1,3%.

La Bourse de Londres, elle, a amplifié sa progression, l'indice FTSE 100 gagnant 0,45%.

(Marc Angrand et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par David Milliken et William Schomberg