Francfort (awp/afp) - Flirtant avec les sommets, les places européennes vont scruter la semaine prochaine une pluie de résultats tout en gardant un oeil sur l'euro, récemment chahuté par les déclarations contradictoires de l'administration Trump.

La volatilité des monnaies a perturbé une semaine qui s'annonçait tranquille, marquée par des indicateurs macroéconomiques au beau fixe et un statu quo attendu de la Banque centrale européenne jeudi.

Galvanisés par l'euphorie à Wall Street, les indices européens ont d'ailleurs accéléré sans attendre la BCE, le CAC 40 touchant mercredi un nouveau plus haut en dix ans pendant que le Dax établissait un record historique.

Mais c'était compter sans le trouble-fête de la semaine, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, qui s'est lancé mercredi soir au Forum économique de Davos dans un plaidoyer inopiné pour le "dollar faible".

Il n'en fallait pas plus pour enfoncer le billet vert, propulser l'euro au plus haut depuis décembre 2014, plonger les marchés dans l'expectative et faire peser une pression nouvelle sur le président de la BCE, Mario Draghi.

"Beaucoup d'investisseurs reparlent de la guerre des devises", explique à l'AFP Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo banque, une perspective dissuasive pour les placements risqués.

- 'Impuissance' -

Mario Draghi s'est efforcé de calmer le jeu, fustigeant les propos de M. Mnuchin tout en maintenant une tonalité très accommodante sur la politique monétaire. Mais les Bourses ont plongé dans le rouge pendant que l'euro dépassait 1,25 dollar.

L'"impuissance" du banquier italien face aux spéculations sur les changes est apparue au grand jour, estime Jochen Stanzl, stratégiste chez CMC Markets. Et le "flou" autour de l'impact de l'euro sur l'inflation n'a guère rassuré les investisseurs, complète Michael Schubert, de Commerzbank.

Le président américain Donald Trump a sifflé la trêve jeudi, démentant son propre ministre sans convaincre pleinement les cambistes, désarçonnés par cette succession de sorties fracassantes.

La monnaie unique, restée vendredi au-delà de 1,24 dollar, promet de rester une préoccupation: non seulement elle pèse sur l'inflation, déjà trop faible au goût de la BCE, mais elle pénalise les Européens à l'export.

L'appréciation de la monnaie unique témoigne certes de l'embellie de l'économie européenne, souligne M. Dembik, mais "une hausse de 10% de l'euro" dégrade "les résultats trimestriels de 7%" en moyenne.

Or les publications des entreprises seront justement au centre de l'attention la semaine prochaine: elles vont se poursuivre aux Etats-Unis tout en prenant de l'ampleur en Europe.

- Clap pour Yellen -

ArcelorMittal et Unibail-Rodamco succéderont en France à LVMH et STMicroelectronics tandis qu'à Londres, les investisseurs guetteront Royal Dutch Shell, Vodafone, BT et AstraZeneca, après Easyjet, Diageo et Sky.

L'Allemagne s'offrira de son côté un tour d'horizon sectoriel avec SAP et Bosch mardi, suivis du conglomérat industriel Siemens mercredi, du constructeur automobile Daimler jeudi et du mastodonte Deutsche Bank vendredi.

La première économie européenne surveillera par ailleurs la bataille de ses métallos pour gagner plus et travailler moins, d'autant que les fonctionnaires et salariés des services s'apprêtent à leur emboîter le pas.

L'agenda macroéconomique ne sera pas en reste, avec l'inflation de janvier et la croissance du quatrième trimestre en zone euro, ainsi que plusieurs indicateurs de confiance et l'emploi américain.

Mais le point d'orgue de la semaine sera la réunion de deux jours de la Réserve fédérale américaine mardi et mercredi, la dernière de sa présidente Janet Yellen, sans décisions attendues.

Si Mme Yellen part sur un bilan largement salué, la tâche de son successeur Jerome Powell s'annonce délicate, surtout s'il s'avère un jour contraint "de calmer une économie américaine en surchauffe", pronostique Bernd Weidensteiner, de Commerzbank.

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