par Yann Le Guernigou

La présidence canadienne du G8, qui se réunissait ce vendredi à Huntsville au bord d'un lac en pleine campagne à 200 km au nord de Toronto, a décidé de placer cette réunion sous le signe du respect des engagements en matière d'aide publique au développement.

En effet, sur les 50 milliards de dollars supplémentaires que le groupe s'était engagé à fournir chaque année avant 2010 lors du sommet de 2005 à Gleneagles, en Ecosse, 18 milliards manquent encore à l'appel.

D'après le groupe de lutte contre la pauvreté ONE, qui contrôle cette aide, le Canada, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont fourni les sommes promises. En revanche, l'Italie n'a honoré aucun de ses engagements financiers, cependant que les montants avancés par l'Allemagne, la France et le Japon se sont avérés inférieurs à leurs annonces.

"J'estime que c'est vraiment pénible de voir que les dirigeants des grandes nations prennent des engagements et ne les tiennent pas et nous devons donc nous assurer que cela arrivera", a déclaré à la presse le Premier ministre britannique David Cameron.

"Nous avons fait des promesses à Gleneagles. Nous devrions respecter ces promesses", a-t-il poursuivi.

CRÉDIBILITÉ ET TRANSPARENCE

La Maison blanche a diffusé un communiqué dans lequel Barack Obama appelle également le G8 à plus de transparence et à répondre davantage de ses actes.

"Le président pense que la crédibilité du G8 repose sur la volonté de ses membres d'honorer leurs engagements en faisant part de façon transparente de leurs progrès et en identifiant les domaines dans lesquels des efforts supplémentaires sont requis", peut-on lire dans ce communiqué.

La Banque mondiale a averti qu'une diminution supplémentaire de l'aide risque d'effacer les progrès enregistrés jusqu'ici dans les pays en développement et d'entraîner davantage de personnes dans la pauvreté.

Elle a souligné que les ressources des pays les plus pauvres ont également été mises à mal par deux années de crise de l'économie mondiale.

"Nous devons reconnaître que nous n'avons pas tenu tous les engagements", avait admis le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, à quelques heures de l'ouverture du sommet. "Si nous voulons y parvenir, il faudra accélérer," avait-t-il dit à des journalistes.

La présidence canadienne désirait également évoquer les moyens d'associer les grandes économies émergentes à la gouvernance de la planète et a décidé d'associer l'Afrique aux travaux du sommet de Huntsville.

Sept pays africains - Algérie, Afrique du Sud, Egypte, Ethiopie, Malawi, Nigeria et Sénégal - ont donc été invités par le Canada, qui a décidé de mettre l'accent au sein du G8 sur deux des huit "Objectifs du Millénaire" adoptés en 2005 pour lutter contre la pauvreté dans le monde, ceux qui concernent la protection maternelle et infantile.

OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE

"C'est un domaine dans lequel l'ensemble de la communauté internationale a pris du retard", reconnaît-on de source française.

Le Canada devrait annoncer un investissement d'un milliard de dollars pour ces programmes. D'autres pays devraient suivre.

Le pays hôte, souhaitant également aborder la question de la reconstruction d'Haïti après le séisme dévastateur du 12 janvier, a invité des représentants haïtiens.

Haïti, ainsi que deux autres pays du Sud - Colombie et Jamaïque - devaient participer avec les Africains présents à une autre session de travail du G8 consacrée vendredi après-midi aux "menaces émergentes contre la sécurité", notamment les circuits de la drogue vers les pays développés qui transitent aujourd'hui de plus en plus par l'Afrique de l'Ouest.

"GASPILLOMÈTRE"

"C'est un sujet de préoccupation croissante, une source importante de déstabilisation régionale qu'il faut traiter en partenariat", dit-on de source française.

Les pays du G8 achèveront leur sommet entre eux samedi matin par des échanges sur les sujets de tensions internationales du moment, l'Iran, la Corée du Nord et l'Afghanistan mais aussi le blocage du processus de paix au Proche-Orient.

Le G20 prendra le relais samedi en fin de journée à Toronto, pour un sommet dominé par la question des stratégies de sortie de crise économique, source de divergences entre les Etats-Unis et leurs alliés européens.

D'importantes mesures de sécurité ont été mises en place dans la capitale économique du Canada, dans l'attente de plusieurs manifestations annoncées.

Les budgets de la sécurité du G8 et du G20 ont été officiellement estimés à 930 millions de dollars canadiens (près de 900 millions de dollars américains), suscitant une polémique dont s'est emparé le Parti libéral, la principale formation d'opposition au Premier ministre Stephen Harper.

Il a lancé sur son site internet un "gaspillomètre" (http://www.liberal.ca/fr/blog/18402_le-gaspillometre-du-g8g20) après avoir calculé que chaque seconde coûtait 4.928,32 dollars.

Avec Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse