(Répétition sans changement d'une dépêche transmise dimanche)

par Sinead Carew

NEW YORK, 13 mars (Reuters) - Les valeurs bancaires de Wall Street ont largement profité de la dynamique post-électorale aux Etat-Unis mais un changement de contexte sur le marché obligataire pourrait amener les investisseurs à leur faire marquer une pause.

En hausse de 32% depuis l'élection de Donald Trump le 8 novembre, l'indice S&P-500 des bancaires surpasse la progression de l'ensemble du marché dans un rapport de trois pour un.

Au vu de la solide statistique de l'emploi de vendredi, on s'attend généralement à ce que la Réserve fédérale relève les taux d'intérêt mercredi et les traders projettent globalement trois hausses des taux cette année, selon une enquête Reuters publiée vendredi.

Une majorité des spécialistes en valeurs du Trésor (SVT)interrogés par Reuters anticipent une deuxième hausse des taux d'un quart de point d'ici la réunion de politique monétaire des 13 et 14 juin. Une minorité voient plutôt ce relèvement d'ici la réunion de septembre.

La Fed a procédé en décembre à sa dernière hausse des taux, un quart de point, qui a amené la fourchette objectif du taux d'intervention à 0,50%-0,75%. Trois hausses des taux de 0,25 point la porterait donc à 1,25%-1,50% d'ici la fin de l'année.

Le département du Travail a fait état vendredi de 235.000 emplois non agricoles créés en février, le secteur de la construction ayant enregistré sa meilleure performance de ce point de vue depuis près de dix ans du fait d'un temps exceptionnellement doux.

Une hausse des taux est en théorie une bonne chose pour les bénéfices bancaires. Mais ils dépendent aussi de l'écart entre les taux courts, tels ceux auxquels les intermédiaires financiers se refinancent auprès de la banque centrale, et les taux longs qui servent de grille de référence pour établir les ceux auxquels les banques prêtent à leur clientèle.

Lorsque cet écart est ample, la hausse des bénéfices peut être pareillement substantielle. Lorsqu'il est réduit, la croissance des bénéfices en pâtit.

Certains investisseurs craignent un aplatissement de la courbe des rendements du fait d'une politique monétaire devenue nettement plus rigoriste. L'évolution des futures semble indiquer que le spread entre les rendements américains à deux et 10 ans retomberait à quelque 93 points de base d'ici la fin de l'année contre 122 actuellement.

C'est pourquoi Jeffrey Gundlach (DoubleLine Capital), qui très tôt a profité de la dynamique Trump pour acheter, déclare qu'il a revendu ses valeurs financières.

"Lorsque la Fed relève les taux plus d'une fois par an, on s'aperçoit que cela se traduit plus ou moins par un aplatissement de la courbe", explique-t-il. "La courbe des rendements ne fera rien pour aider le secteur (bancaire)".

Dans le mois qui a suivi l'élection de Trump, l'indice S&P-500 des bancaires a gagné 24%. Depuis lors, sa progression s'est limitée à 5,7%, nombre d'investisseurs attendant dorénavant du concret de la part de la Maison Blanche.

La promesse d'une réduction massive des impôts a été bien accueillie car elle est synonyme d'une croissance des dépenses de consommation et donc du crédit.

Celle d'un assouplissement de la réglementation également car elle impliquerait que les banques pusisent développer leur portefeuille de prêts bien plus rapidement qu'il n'est possible actuellement compte tenu des mesures réglementaires strictes prises à l'issue de la crise financière.

C'est l'une des raisons pour lesquelles David Lebovitz (J.P. Morgan Asset Management) pense que les financières ont encore un potentiel de hausse.

Même si la réforme fiscale et réglementaire risque de prendre du temps, les investisseurs patienteront pour autant que le gouvernement apporte des informations précises et utiles à son sujet, explique-t-il.

Mais, ajoute-t-il, le plus gros risque qui pèse sur la Bourse actuellement est celui d'être déçu par des promesses éventuellement non tenues car lesdites promesses sont déjà prises en compte dans les cours actuels.

Pour Paul Nolte (Kingsview Asset Management), la surperformance du secteur bancaire est peut-être déjà du passé mais cela ne traduit pas un mouvement de correction.

"Je ne suis pas sûr que les investisseurs s'intéressent tant que ça à des rendements changeants et à la situation du marché. On dirait que le mot d'ordre c'est d'acheter et ensuite on verra bien", dit-il.

(Avec Jennifer Ablan et Richard Leong à New York, Wilfrid Exbrayat pour le service français)