2 avril (Reuters) - Le coup de semonce adressé par l'économie réelle aux marchés actions américains qui continuent de tutoyer leurs plus hauts a fait long feu, mais augure mal de la prochaine salve de résultats trimestriels.

Le S&P 500 était en hausse mardi en milieu de séance à New York au lendemain d'un recul qui a suivi la publication de l'indice ISM d'activité manufacturière, nettement inférieur aux attentes en mars. Toutefois, après une progression de 10% sur les trois premiers mois de l'année, l'indice peine à franchir son pic historique en séance de 1.576,09 points, touché le 11 octobre 2007.

Un environnement international peu porteur, avec le ralentissement chinois et la récession européenne, et le raffermissement du dollar, qui pénalise les entreprises exportatrices, ne plaident guère en effet pour une poursuite de l'envolée.

Le maintien par la banque centrale américaine d'une orientation très accommodante de sa politique monétaire et la dissipation des incertitudes liées à la politique budgétaire peuvent cependant justifier l'optimisme des investisseurs.

Mais l'avertissement de l'indice ISM d'activité manufacturière - indicateur avancé des performance de l'économie dans son ensemble, du marché boursier et de la profitabilité des entreprises - ne doit sans doute pas être pris à la légère.

Graphique de l'évolution comparée de l'indice ISM manufacturier et du PIB aux Etats-Unis :


Graphique de l'évolution comparée de l'indice ISM manufacturier et des performances sur un an glissant du S&P 500 :


Graphique de l'évolution comparée de l'indice ISM manuufacturier et des profits des entreprises du S&P 500 :


Certes, l'indice ISM manufacturier pour le mois de mars est ressorti en baisse par rapport au mois précédent et inférieur aux attentes, mais il continue de refléter une expansion du secteur industriel américain puisqu'il demeure au-dessus du seuil de 50 qui délimite les phases de contraction et d'expansion de l'activité.

La composante "nouvelles commandes" de l'indice, qui refléte les perspectives d'activité, s'inscrit toutefois dans une tendance baissière depuis son pic d'août 2009 à 66,6 - illustrant la difficulté de l'économie américaine à enclencher une dynamique de reprise autoentretenue en dépit de stimuli sans précédent.

Graphique de la tendance de l'indice ISM manufacturier depuis 2009 :


Le caractère prédictif des évolutions du S&P 500 de l'activité économique américaine est reconnu par le Conference Board qui range l'indice boursier parmi la batterie des instruments utilisés pour le calcul de son indicateur avancé.

Il est aussi confirmé par ses retournements à la hausse ou à la baisse qui ont respectivement précédé les phases de récession ou de reprise de l'économie américaine. Ses hésitations à l'approche de ses plus hauts historiques n'en sont que plus inquiétantes.

Graphiques de l'évolution du S&P 500 et des phases de ralentissement/reprise de l'économie américaine depuis 1970 :


Source :

* A difficult earnings season despite low analyst expectations. Global Macro Daily. Barclays Capital. 2 avril 2013

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* BREAKINGVIEWS-Welcome to another year of Great Stagnation (Marc Joanny, édité par Dominique Rodriguez)