(Répétition sans changement d'une dépêche transmise dimanche)

par Caroline Valetkevitch

NEW YORK, 10 septembre (Reuters) - La prévision d'une solide croissance des revenus des entreprises aux Etats-Unis devrait apaiser l'inquiétude des investisseurs de voir s'atténuer l'effet dopant des baisses d'impôts sur les bénéfices l'année prochaine.

La progression du chiffre d'affaires (CA) des sociétés du S&P-500, qui a atteint 9,5% au deuxième trimestre, sa meilleure performance depuis 2011, devrait s'élever à 8,2% en 2018, selon des données Thomson Reuters.

Alors que cette croissance devrait ralentir à 5% l'année prochaine, elle reste au sommet de la moyenne historique. Ce repli n'est pas aussi marqué que celui attendu de la croissance des bénéfices, fortement soutenue cette année par la réforme fiscale américaine qui a abaissé le taux d'imposition des entreprises.

Cela pourrait atténuer les craintes de certains investisseurs quant à la croissance des bénéfices, alors que les risques d'une hausse des coûts liés aux droits de douane, au relèvement des taux d'intérêt et au renchérissement du dollar augmentent.

"La croissance des chiffres d'affaires fait plus que contrebalancer toutes les préoccupations que nous avons du côté des profits", estime Sameer Samana, stratège en actions internationales chez Wells Fargo Investment Institute.

"Bien sûr, la croissance des bénéfices est maximale. Nous avions des réductions d'impôts", ajoute-t-il. "Ce que nous voulons voir, c'est une croissance durable des bénéfices tirée par le chiffre d'affaires, ce qui est exactement ce que nous observons aujourd'hui."

PROFITS SOUTENUS PAR LES CA

La hausse des CA est alimentée par la solide demande générée par la croissance économique. Le produit intérieur brut américain a augmenté de 4,2% au deuxième trimestre en rythme annuel, sa meilleure performance en près de quatre ans.

Ce dynamisme est au moins en partie le fait du robuste marché du travail et les dépenses d'investissements y contribuent également, relève Bucky Hellwig, vice-président de BB&T Wealth Management.

Le rapport publié vendredi par le département américain du Travail montre que les créations d'emploi ont rebondi en août aux Etats-Unis et que les salaires y ont enregistré leur plus forte croissance annuelle depuis neuf ans. Ces données suggèrent que les dépenses des ménages resteront solides.

La hausse des salaires risque de peser davantage sur les bénéfices à un moment donné, mais cela ne devrait pas se produire avant 2020, indique Patrick Palfrey, vice-président et stratège actions chez Credit Suisse Securities.

"A l'heure actuelle, l'histoire des bénéfices est une histoire de chiffre d'affaires. C'est ce qui permet vraiment aux entreprises de continuer à doper les résultats et leur permettra de compenser des coûts plus élevés", poursuit Patrick Palfrey.

La plupart des économistes interrogés par Reuters à la fin du mois d'août anticipaient un ralentissement progressif de la croissance américaine au cours des prochains trimestres, mais voyaient peu de risque de récession au cours des deux prochaines années.

Les analystes tablent sur une croissance du bénéfice des entreprises du S&P-500 de 23,3% en 2018, la progression annuelle la plus forte depuis 2010, et de 10,2% en 2019, selon des données Thomson Reuters.

Les profits ont augmenté de 24,9% au deuxième trimestre par rapport à la même période 2017 et les analystes prévoient une hausse de 22,3% au troisième trimestre.

L'EXEMPLE DE 2003

Les résultats peuvent continuer à augmenter même après des pics de croissance, estiment les stratèges. Ainsi, la croissance des entreprises du S&P-500 a atteint un sommet au quatrième trimestre 2003 et s'est maintenue dans une fourchette à deux chiffres pendant au moins les trois années qui ont suivi, tandis que les chiffres d'affaires sont restés bien au-dessus de la tendance durant cette période, remarque Nick Raich, président de The Earnings Scout, un cabinet d'études indépendant.

Il observe qu'au cours des 80 dernières années, la croissance des bénéfices des entreprises du S&P-500 s'est établie en moyenne entre 6 et 8%, et que les chiffres d'affaires ont augmenté de 3 à 5%.

"Les premières indications suggèrent que la situation ressemble à celle de 2003, nous pourrions voir une tendance à la croissance persister plus longtemps que prévu par le consensus", poursuit Nick Raich.

(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français)