(actualisé § 3-4 avec Obama)

DUBAI, 19 novembre (Reuters) - Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a invité mardi les grandes puissances à saisir "une occasion historique" et à parvenir à un accord sur le programme nucléaire de la République islamique.

Une troisième session de négociations en un mois entre la délégation iranienne, conduite par Zarif, et le groupe P5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) doit s'ouvrir mercredi à Genève.

Le président américain Barack Obama a tempéré les ardeurs mardi : "Nous ignorons si nous serons en mesure de conclure un accord avec l'Iran cette semaine ou la semaine prochaine", a-t-il dit à un forum du Wall Street Journal.

Barack Obama a invité d'autre part les élus du Congrès à ne pas durcir, le temps des négociations en cours avec Téhéran, les sanctions frappant l'Iran.

Dans une vidéo de cinq minutes diffusée par le ministère des Affaires étrangères, Zarif affirme quant à lui qu'il existe une chance de sortir de l'impasse, à condition que l'Iran soit traité "sur un pied d'égalité" et que les grandes puissances ne cherchent pas à lui imposer un diktat.

"L'été dernier, notre peuple a fait dans les urnes un choix constructif et a offert au monde une occasion historique de changer le cours des choses", déclare le chef de la diplomatie iranienne dans cette vidéo, faisant allusion à l'élection du président Hassan Rohani en juin.

"Pour saisir cette occasion unique, il faut que tout se traite sur un pied d'égalité et dans le respect mutuel", ajoute-t-il.

S'exprimant également de Rome avant de se rendre à Genève, Zarif s'est montré optimiste sur les chances de parvenir à une issue fructueuse dont les conditions lui semblent réunies lors de ce nouveau tour de table.

"Je suis prêt à accepter des progrès substantiels, à défaut d'un accord, mais je suis certain qu'avec la volonté politique nécessaire, nous pouvons accomplir des progrès et même parvenir à un accord", a-t-il dit.

L'attitude à adopter dans les négociations divise pourtant les Iraniens.

Au Majlis, le Parlement de Téhéran, des élus ont proposé mardi à la signature de leurs collègues un texte exigeant que le gouvernement poursuive l'enrichissement de l'uranium à 20%, niveau qui facilite une utilisation militaire de l'atome.

FAITS OU SUPPOSITIONS ?

Cette initiative risque de compliquer les négociations entre l'Iran et le groupe P5+1.

La précédente session de discussions s'est achevée le 10 novembre sans aucun accord. L'Iran avait dénoncé la suppression, dans le texte proposé, de la reconnaissance explicite du droit de Téhéran à enrichir de l'uranium, reconnaissance qui figurait dans une précédente version.

La France, pour sa part, avait exigé l'arrêt de la construction du réacteur de recherche d'Arak, installation qui inquiète l'Occident dans la mesure où, une fois achevée, elle pourra produire des substances susceptibles de servir à la fabrication de bombes nucléaires.

Le président Hassan Rohani a maintes fois déclaré que son pays ne renoncerait jamais à enrichir de l'uranium à des fins civiles, un message que le Parlement iranien, dominé par les conservateurs, entend voir réaffirmé haut et clair.

En visite dimanche à Jérusalem, le président François Hollande a posé quatre conditions à la conclusion d'un accord intermédiaire avec Téhéran - placement sous contrôle international de toutes les installations nucléaires iraniennes, suspension de l'enrichissement d'uranium à une concentration fissible de 20%, réduction des stocks existants et arrêt de la construction du réacteur d'Arak.

"Nous conseillons au président français de s'en tenir aux faits, pas à des suppositions, et surtout de ne pas se faire l'exécuteur des plans du régime sioniste", a répliqué Alaeddin Boroujerdi, président de la commission parlementaire chargé de la sécurité nationale et des affaires étrangères. (Marcus George et Isabel Coles, Guy Kerivel et Eric Faye pour le service français)