(Actualisé, réaction de Fazel Larijani, §§ 10-13)

DUBAÏ, 3 février (Reuters) - Mahmoud Ahmadinejad et Ali Larijani se sont livrés dimanche à une vive passe d'armes en public, le président iranien accusant de corruption la famille du président du Parlement.

L'altercation, qui s'est déroulée à l'occasion d'un débat parlementaire au cours duquel Mahmoud Ahmadinejad défendait l'un de ses ministres, illustre la lutte pour le pouvoir entre le président iranien, dont le mandat prend fin dans quelques mois, et plusieurs courants de la classe politique iranienne.

Ahmadinejad a affirmé posséder un enregistrement d'une conversation privée entre Fazel Larijani, frère du président du Majlis, et Saeed Mortazavi, un ancien procureur accusé d'être impliqué dans la mort en détention de plusieurs personnes.

Le chef de l'Etat a fait diffuser cet enregistrement dans l'hémicycle mais le son en était pratiquement inaudible. Le chef de l'Etat a alors lu ce qu'il a présenté comme un résumé de la conversation.

Il a affirmé que Fazel Larijani avait laissé entendre à Mortazavi qu'il pouvait user de son influence auprès de ses cinq frères pour lever certains obstacles empêchant le développement de sociétés privées, en échange d'une participation des Larijani à ces projets.

"Ce sont des enregistrements audio et vidéo et la bande est claire. Si l'honorable président du Parlement le souhaite, nous pouvons lui transmettre les 24 ou 25 heures d'enregistrement", a ajouté le président iranien.

Ali Larijani a répliqué en soulignant que l'intervention d'Ahmadinejad n'avait rien à voir avec la question du jour, le cas du ministre du Travail Abdolreza Sheikholeslami.

"Mais, en fait, c'est une bonne chose que vous ayez diffusé cet enregistrement aujourd'hui. Ainsi, le peuple connaîtra mieux votre caractère", a-t-il ajouté, sous les railleries de parlementaires hostiles au chef de l'Etat.

Ce dernier a alors demandé à prendre à nouveau la parole mais Ali Larijani lui a refusé ce droit et le président iranien a quitté l'hémicycle.

Mis en cause, Fazel Larijani a annoncé à l'agence de presse Fars qu'il déposerait plainte contre Ahmadinejad et Mortazavi, qu'il a accusés de "propager des mensonges" et de "chercher à tromper l'opinion publique".

"Je ne suis pas le seul à être attaqué par ces individus dignes d'être des mafieux", a-t-il dit.

Le numéro un de la justice iranienne est Sadeq Larijani, un frère de Fazel et d'Ali.

Fazel Larijani a précisé qu'il donnerait une conférence de presse lundi pour répondre aux accusations portées contre lui.

Mahmoud Ahmadinejad, à plusieurs reprises, a laissé entendre qu'il possédait des preuves de la corruption de certains hauts dirigeants du pays mais il ne les a jusqu'à présent jamais rendues publiques. (Yeganeh Torbati, Pascal Liétout et Guy Kerivel pour le service français)