(Actualisé, la présidence ne fera probablement pas appel)

LE CAIRE, 6 mars (Reuters) - Le tribunal administratif a ordonné mercredi l'annulation du décret présidentiel fixant au 22 avril la date du début des élections législatives en Egypte, mesure qui hypothèque sérieusement le calendrier électoral du gouvernement des Frères musulmans.

La présidence égyptienne a déclaré qu'elle respectait la décision du tribunal et qu'elle ne ferait probablement pas appel, contrairement à ce qu'avait dans un premier temps affirmé Mohamed Gadallah, conseiller juridique du président Mohamed Morsi.

Dans un communiqué, les services de Morsi disent que la présidence "respecte la décision du tribunal", ce qui "confirme la règle du droit (...) et le principe de séparation des pouvoirs".

Sur son compte Twitter, la présidence a précisé plus tard qu'un appel contre la décision était "improbable".

Pour Moustafa al Sayyid, professeur en sciences politiques, les élections seront probablement reportées.

Le tribunal administratif a justifié sa décision par des raisons techniques, le Conseil de la Choura, la Chambre haute du Parlement, n'ayant pas renvoyé devant la Haute Cour constitutionnelle la loi électorale amendée pour qu'elle soit une dernière fois examinée avant son adoption.

Le scrutin en quatre phases, qui devait initialement commencer le 27 avril pour se terminer fin juin, avait été avancé de cinq jours à la demande de la minorité copte, mécontente de voir la date coïncider avec les fêtes de Pâques.

"UNE NOUVELLE LEÇON DONNÉE AUX FRÈRES MUSULMANS"

Amr Hamzaoui, l'une des figures de proue de l'opposition, a salué la décision du tribunal administratif.

"Une fois encore, la justice a empêché les Frères musulmans de semer le désordre dans l'Etat de droit et la législation", a-t-il déclaré à Reuters. "Renvoyer la loi (électorale) devant la Haute Cour constitutionnelle est une nouvelle leçon donnée aux Frères musulmans", a-t-il ajouté.

Le Front de salut national (FSN), qui réunit les principaux partis d'opposition libéraux et de gauche en Egypte, avait annoncé la semaine dernière qu'il boycotterait les législatives, faute d'une loi électorale qui garantisse un scrutin libre et équitable.

Cette décision intervient au moment où le gouvernement tente de reprendre les discussions avec le Fonds monétaire international sur l'octroi d'un prêt de 4,8 milliards de dollars (3,7 milliards d'euros) pour redresser les finances publiques.

"Il est maintenant probable que les élections seront ajournées, ce qui renforcera l'incertitude politique et retardera un possible accord avec le FMI à un moment où il est nécessaire de restaurer la confiance dans l'économie pour empêcher une potentielle crise économique", a déclaré Farouk Soussa, chef économiste à Citi, à Dubaï.

La Haute Cour constitutionnelle a décidé l'an dernier d'invalider un tiers des sièges de la chambre basse du Parlement dominée par les islamistes, jugeant la loi électorale contraire à la Constitution. (Marwa Awad et Yasmine Saleh, Pascal Liétout, Hélène Duvigneau et Guy Kerivel pour le service français)