Francfort (awp/afp) - La Bourse de Francfort évoluait en baisse lundi matin, le Dax cédant 0,33% dans un marché désorienté par l'échec des pourparlers de coalition en Allemagne et ses implications politiques et économiques pour toute l'Europe.

Vers 08H25 GMT, l'indice vedette reculait de 42,85 points à 12.932,81 points, tandis que le MDax des valeurs moyennes cédait 0,30% à 26.361,85 points.

"L'incertitude politique en Europe revient sur les parquets boursiers", commente Milan Cutkovic, stratégiste chez AxiTrader, pour qui il ne faut "pas sous-estimer" les conséquences de l'incapacité de la chancelière Angela Merkel à former un nouveau gouvernement.

Depuis la fondation de la République fédérale d'Allemagne en 1949, ce n'était jamais arrivé: le pays n'a pas de majorité pour être dirigé. Dans la nuit de dimanche à lundi, après un mois de tergiversations, les conservateurs de Mme Merkel (CDU-CSU), les libéraux (FDP) et les écologistes n'ont pas réussi à s'entendre sur une coalition.

Le scénario le plus probable est la tenue de nouvelles élections, "avec une issue plus incertaine que jamais", souligne M. Cutkovic, alors que la poussée du parti d'extrême droite AfD avait déjà rongé en septembre la base des formations traditionnelles, les poussant vers cet attelage inédit et contre nature.

La première économie européenne, déjà en pilotage automatique, se prépare dans tous les cas à vivre encore des semaines dans le brouillard, ce qui promet "d'empoisonner" aussi la monnaie unique, pronostique M. Cutkovic.

Au-delà des conséquences immédiates, "on a laissé passer une occasion de surmonter les frontières idéologiques et de trouver des solutions appropriées" pour le pays, déplorait lundi dans le Handelsblatt Eric Schweitzer, patron de la Chambre allemande du commerce et de l'industrie DIHK.

Le chef de la Fédération de l'artisanat ZDH, Hans Peter Wollseifer, a lui aussi jugé "fâcheux" que les conservateurs, les libéraux et les verts n'aient pu s'entendre "pour préparer l'Allemagne pour l'avenir".

L'économie du pays tourne certes à plein régime, avec des prévisions de croissance variant de 2% à 2,4% selon les sources pour cette année, assortis d'indicateurs de confiance au plus haut, mais sa capacité à poursuivre au même rythme est tout sauf garantie.

Non seulement l'Allemagne souffre déjà d'une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée, que le vieillissement de sa population menace d'aggraver, mais elle affiche aussi des infrastructures en piteux état et voit son industrie automobile traverser une profonde crise de confiance, alors que son virage énergétique reste inachevé.

Côté valeurs, la quasi totalité du Dax évoluait dans le rouge, à l'exception notable des énergéticiens RWE (+3,75% à 20,18 euros) et EON (+0,38% à 9,82 euros), récemment malmenés par la perspective de voir l'Allemagne accélérer sous la pression des Verts sa sortie du charbon.

afp/al