Le président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët, avait déclaré lundi avoir appris du Premier ministre que les clubs professionnels ne seraient pas touchés par cette nouvelle taxe, qui sera prélevée sur les entreprises sur la part des salaires dépassant un million d'euros par an.

Mais le gouvernement a clos le débat mardi, annonçant que toutes les entreprises, y compris les PME, l'acquitteraient.

"Toutes les entreprises qui sont en capacité de rémunérer des salariés plus d'un million d'euros par an seront touchées par la taxe à 75%. Il s'agit d'une situation exceptionnelle de notre pays en matière d'endettement", a déclaré la ministre des Sports, Valérie Fourneyron.

Les services du Premier ministre avaient peu auparavant fixé la ligne, précisant que Jean-Marc Ayrault avait rencontré Noël Le Graët en décembre mais n'avait pas été en contact avec lui depuis.

Le président de l'Union des clubs professionnels de football (UCPF) et du club du Havre, Jean-Pierre Louvel, y a vu "la fin d'une illusion très courte" et a dénoncé sur Europe 1 "une taxe complètement illusoire, qui détériorera l'économie et qui va faire du mal à une filiale qui porte 25.000 emplois indirects et 5.000 directs". Il a jugé toutefois qu'il fallait "rester prudent" tant que les textes n'étaient pas sortis.

Le président du Club des Entrepreneurs, Guillaume Cairou, s'exprimant aussi sur Europe 1, a estimé que les clubs de football s'inquiétaient "légitimement" et a jugé que "notre pays va se priver des meilleurs joueurs comme il commence à devoir se priver des meilleurs potentiels en entreprises".

ET LES ARTISTES ?

Nasser Al Khelaïfi, président du Paris Saint-Germain, dont au moins 12 joueurs sont payés plus d'un million d'euros par an, a également jugé que 75%, "c'est beaucoup".

"Si la loi c'est 75%, on est en France, on le fera", a-t-il dit sur France Info. "Je pense que ce n'est pas bien pour le football en France, que ce n'est pas bien pour les clubs français, que ce n'est pas bon pour l'image de la Ligue 1 dans le monde."

Le président de l'Olympique de Marseille, Vincent Labrune, a dénoncé pour sa part une "aberration totale" et un "non sens".

"Même si un club de foot comme l'OM a une caisse de résonance médiatique plus grande qu'une entreprise du Cac 40, nous restons une grosse PME de province. Nous n'avons pas les moyens de payer cette taxe", dit-il sur le site internet du journal La Provence.

Les artistes seront aussi visés, mais seulement dans la mesure où ils sont salariés, ce qui est rare dans leur cas.

"Les artistes sont aussi concernés s'ils sont dans ce cas de figure, c'est-à-dire salariés", a dit un conseiller de Matignon.

L'acteur Gérard Depardieu a choisi de s'exiler fiscalement en Belgique pour échapper à la taxe sur les super-riches, provoquant un vif émoi en France.

La taxation à 75% était l'une des promesses de campagne de François Hollande.

Après la censure d'une première mouture par le Conseil constitutionnel, le président a réintroduit la semaine dernière cette taxation exceptionnelle par le biais d'une contribution qui sera versée par les entreprises.

La formulation utilisée par le président de la République lors de son intervention télévisée de jeudi dernier était générale et semblait ne viser que les plus grandes entreprises, ce qui explique les précisions apportées mardi.

"L'assemblée générale des actionnaires sera consultée sur les rémunérations et, lorsqu'elles dépassent un million d'euros, l'entreprise aura une contribution à payer qui, toutes impositions confondues, atteindra 75%", avait-il expliqué.

Elizabeth Pineau, Chine Labbé et Patrick Vignal, avec Jean-François Rosnoblet à Marseille, édité par Gilles Trequesser