Objectivement (enfin autant que possible), il n'y avait aucune raison pour que le comité de politique monétaire de la Fed prenne une décision spectaculaire hier soir en renonçant à relever d'un quart de point ses taux directeurs. L'institution doit se positionner dans une optique de long terme pour l'économie américaine, et pas en fonction de la pression de la rue ou de la Maison Blanche. Elle doit aussi préserver sa crédibilité, sa marge de manoeuvre et son indépendance (d'ailleurs, la décision de hausse des taux a été prose à l'unanimité). Les investisseurs espéraient a minima des signaux d'assouplissement de la politique pour 2019, mais ils n'ont pas été totalement exaucés. La Fed ne devrait relever ses taux que deux fois l'année prochaine, contre trois initialement programmées. En revanche, Jerome Powell a maintenu le cap sur la réduction du bilan de la banque centrale (50 milliards de dollars par mois) et a réaffirmé que la politique monétaire doit s'adapter à une croissance qui reste solide et à un marché de l'emploi qui poursuit son renforcement. En d'autres termes, l'économie américaine n'a pas besoin d'une politique accommodante pour tourner à plein régime, même si des risques existent, risques qui sont encore toutefois "globalement équilibrés".
 
Evidemment, ces annonces n'ont pas été du goût du marché : les trois indices américains ont à nouveau cédé beaucoup de terrain hier et les indicateurs avancés de Wall Street sont encore dans le rouge vif à l'heure où nous écrivons ces lignes. Notons que le décrochage effectif de Wall Street hier soir a coïncidé avec l'annonce de Powell sur la poursuite de la réduction du bilan de la banque centrale plus que sur la trajectoire de taux. Les indices asiatiques sont également en difficultés, notamment le Nikkei 225, qui perd plus de 3%. Un banquier américain a parlé hier soir de "perfect storm" (une tempête parfaite) pour la fin d'année sur les marchés.
 
Le CAC40 a démarré la séance en baisse de -1,6% sur les 4 700 points. 
 
Les temps forts économiques du jour
 
Programme très anglo-saxon avec les ventes de détail britanniques (10h30, consensus +0,3%) suivies de la décision de la Banque d'Angleterre sur ses taux (13h00, consensus statu quo à l'unanimité). Aux Etats-Unis, l'indice Philly Fed (14h30, consensus 15,6), les ventes des grossistes (14h30, consensus +0,2%) et les inscriptions hebdomadaires au chômage (14h30, consensus 219 000) précèderont l'indice des indicateurs avancés (16h00, consensus +0,0%). Ce matin, la Banque du Japon a maintenu le statu quo sur sa politique monétaire.
 
L'euro et le dollar se neutralisent à 1,1388 USD. L'or est en légère hausse au contact des 1 245 USD. Le pétrole est toujours sous pression avec un WTI à 47,07 USD et un Brent à 56,335 USD. Le rendement de l'obligation d'Etat américaine à 10 ans est à 2,751%, en légère baisse. Quatrième journée consécutive de hausse pour le Bitcoin hier, à 3 785 USD.
 
Les principaux changements de recommandations
 
  • Ashmore : Citi passe de neutre à vendre.
  • Asos : Berenberg abaisse de 8 300 à 4 000 GBp son objectif mais reste acheteur.
  • Ceconomy : HSBC passe d'alléger à conserver avec un objectif ajusté de 4,20 à 3,30 EUR.
  • Covestro : Berenberg abaisse de 63 à 50 EUR son objectif mais reste à conserver.
  • DBV Technologies : Stifel passe d'acheter à conserver sur l'ADR, dont l'objectif recule de 35 à 11 USD. Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif abaissé de 26 à 10 USD. Barclays abaisse de 30 à 8 USD son objectif en passant de surpondérer à pondération en ligne. 
  • Euronext : Citi passe d'acheter à neutre.
  • Geox : Mediobanca passe de sousperformance à neutre mais réduit de 1,90 à 1,30 EUR son objectif. 
  • Greencore : Jefferies abaisse de 245 à 225 GBp son objectif en restant à l'achat.
  • Maisons du Monde : Berenberg abaisse de 46,50 à 37 EUR son objectif mais reste acheteur.
  • MAN : Citi passe d'achat à neutre. 
  • Natixis : Oddo BHF reste acheteur mais réduit de 8 à 6,50 EUR son objectif.
  • Nestlé : Baader Helvea reste acheteur avec un objectif relevé de 90 à 92 CHF.
  • Novozymes : JP Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 275 DKK contre 300 DKK précédemment.
  • Renault : AlphaValue reste acheteur mais réduit de 77,10 à 71,50 EUR son objectif.
 
L’actualité des sociétés
 
Electricité de France a créé une coentreprise avec Royal Dutch Shell pour des projets aux Etats-Unis. La justice japonaise refuse de prolonger la détention de Carlos Ghosn (Renault), tandis que le patron de Nissan et Thierry Bolloré ont eu un entretien à huis clos hier. Natixis a repris les parts de son partenaire La Banque Postale dans leur coentreprise Titres Cadeaux. Bertrand Camus serait le prochain patron de Suez, rapporte 'Le Figaro'. La justice britannique reconnaît coupables de pots-de-vin des anciennes divisions et cadres d'Alstom. Accor lance la seconde phase de son programme de rachat d'actions. Elior espérerait retirer 1 milliard d'euros de la vente d'Areas, selon un informateur de 'Reuters'. Bourbon n'a pas encore trouvé d'investisseurs pour restructurer sa dette, a fait savoir le management, en réaction aux rumeurs de 'Challenges' selon lesquelles trois fonds américains seraient prêts à reprendre la société en injectant 200 millions d'euros. DBV Technologies a retiré son dossier de demande de mise sur le marché de Viaskin Peanut aux Etats-Unis, à cause d'interrogations de la FDA sur la fabrication et les contrôles qualité. Fnac Darty et Ceconomy seraient convaincus de l'intérêt d'un rapprochement à terme, selon 'BFM'. Covivio cède un gros portefeuille d'actifs en Italie. Tikehau boucle le rachat d'ACE Management. Wallix s'allie à EBRC. Eurazeo vend le bloc de contrôle de Vignal Lighting. Metabolic Explorer reçoit le feu vert pour construire son usine à Carling Saint-Avold. Keyrus rachète Lynx Conseil. Laurent Burelle devient PDG de Burelle. AbbVie et Voluntis vont développer des logiciels thérapeutiques compagnons. AB Science a réalisé la mise à niveau de ses installations cliniques et attend la position de l'ANSM pour la reprise des essais.
 
AB Inbev signe avec Tilray un accord pour développer des boissons à base de cannabis. Amadeus, Expedia et leurs homologues saisissent l'UE sur les pratiques tarifaires de Lufthansa. Altria pourrait prendre 35% de Juul pour 12,8 milliards de dollars, selon le 'Wall Street Journal', qui révèle aussi que Pinterest prépare une IPO pour 2019, avec une valorisation qui pourrait avoisiner 12 milliards de dollars. Facebook à nouveau attaqué après de nouvelles révélations sur l'utilisation des données de ses utilisateurs. Clariant signe une lettre d'intention en vue de monter une coentreprise avec Saudi Kayan.